Sombres résurgences
Auteur : Jean-Bernard
Leblanc
Éditions : Fleur Sauvage (3 Mai 2018)
ISBN : 978-2378370213
396 pages
Quatrième de couverture
Paul Grassi, fonctionnaire de police à l'unité de protection
sociale, n'en peut plus de sa profession. Un jour, il craque et quitte le
domicile conjugal sans prévenir sa famille. Il s'éloigne de sa vie pour
atterrir dans un village du nord de la France, achète une maison en ruine pour
y vivre en ermite et se couper de toute relation humaine. L'arrivée de Paul
Grassi va provoquer de nombreux remous.
Mon avis
Paul Grassi n’en peut plus. A force de côtoyer du sombre, de
la violence et de la détresse dans son métier de fonctionnaire de police, il s’est
laissé envahir par la noirceur. Tout lui pèse : son activité
professionnelle, sa famille (son épouse se sent très seule et il ne sait pas
comment interagir avec ses fils). Sur un coup de tête, il laisse tout derrière
lui et part à l’autre bout de la France. Là, sans vraiment réfléchir, il achète une maison inhabitée depuis trente
ans dans un village pour y vivre en ermite .
Cette demeure est un mystère a elle toute seule. Tout est
resté en état après le départ de son occupante : la poussière, les odeurs sont là et il est
difficile pour Paul de s’approprier ce lieu. D’autant plus que certains villageois
ne voient pas son arrivée d’un bon œil. Pourquoi le propriétaire a-t-il vendu
alors qu’il refusait de le faire depuis des années ? Pourquoi à Paul ?
Cet achat déclenche un flot de visions, d’émotions chez le policier au lieu de
lui permettre de se poser. Il se rappelle de vieilles affaire, des plus
récentes, des situations délicates auxquelles il a été confronté. Et il se retrouve, lui qui voulait se couper
de tout, et surtout de son métier, à mener l’enquête sur la disparition de
celle qui habitait ce lieu. Il va se heurter à l’omerta des habitants. Il est
parasité par tout un tas de pensées qui ne l’aident pas à s’organiser et qui
sont à la fois sa force et sa faiblesse. Il puise de l’énergie au fond de
lui-même et il s’use. On dirait que lorsqu’il voit un peu plus clair, lui
devient plus obscur, plus ténébreux car il a trop donné.
« Le voyage au
bout de soi-même ne représente pas toujours une bonne chose. »
Paul est un personnage complexe, qui se nourrit des horreurs
qu’il rencontre au travail. Il s’appuie sur ça pour être fort, pour faire face
mais là, il a craqué. Va-t-il reprendre le dessus ou plonger encore plus bas ?
Ses enfants, sa femme vont-ils le retrouver un jour et dans quel état ? Nous assistons au cheminement douloureux de
cet homme, nous l’observons en train de se battre contre ses propres démons….
Ce roman est une
réussite car, au-delà de l’intrigue, c’est l’aspect psychologique de Paul et de
quelques autres qui est décortiqué avec
brio. On découvre les combats intérieurs de plusieurs protagonistes, leurs
tourments secrets, leurs raisons d’être.
Se construire lorsque le passé est lourd est exigeant, perturbant et
demande beaucoup de résistance à tout ce qui peut dévier du bon chemin ….
JB Leblanc réussit un excellent récit qui maintient le
lecteur sous pression. Les individus ont tous une part d’ombre, ils flirtent
dangereusement avec la ligne jaune, ont parfois des attitudes ambigües, comme
si un rien pouvait les déstabiliser. Les chapitres sont courts, permettant de
suivre plusieurs personnes à la fois, sous des angles différents. On a peur que
certains s’enfoncent et sombrent, on voudrait leur tendre la main mais on sent
bien qu’ils pourraient nous entraîner avec eux alors ….. L’écriture est
précise, acérée, le rythme vif. C’est un roman noir qui laisse une trace
durable dans l’esprit de celui qui le découvre….
La couverture est en phase avec le texte et elle est très « parlante »
permettant déjà au regard de plonger dans l’histoire ….
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