Les enfants de Lazare
Auteur : Nicolas Zeimet
Éditions : Jigal (Septembre 2018)
ISBN: 978-2-37722-041-0
298 pages
Quatrième de couverture
Tout commence quand Pierre Sanak, journaliste reporter
d’images à France Télévisions, croise par hasard cette jeune artiste un peu
fantasque et très énigmatique. D’origine cambodgienne, Agathe a été adoptée,
vit à Paris, ne se sépare jamais de sa guitare et semble errer entre plusieurs
mondes… Pierre en tombe immédiatement amoureux. Apprenant en conférence de
rédaction l’incroyable nouvelle de la résurrection momentanée de Sokhom, un jeune
Cambodgien qui aurait vécu une expérience de mort imminente, Pierre ne peut
s’empêcher de tisser un lien ténu avec l’histoire d’Agathe…
Mon avis
Lire Nicolas Zeimet c’est accepter d’être bousculé. En
effet, son écriture est « magnétisante », on ne veut pas perdre le
contact et la lecture se fait presque en apnée, sans répit. Son style donne vie
à ses personnages, les rendant palpables et de fait, ils font très vite partie
de notre quotidien. Tout cela offre un récit réaliste dans lequel on découvre que les sujets abordés ne sont jamais
neutres.
Pierre Sanak est journaliste, il est reporter d’images pour
une chaîne de télévision, il filme et il ne choisit pas ses sujets. Il va où on
l’envoie et si ce qu’il fait ne le passionne pas, c’est comme ça, on ne lui
demande pas son avis. Il a une ex-femme et un fils. Sa vie est assez plate et
on sent très vite que l’évolution de son
métier ne lui convient pas. Mais peut-il faire autrement ?
Il ne se retrouve plus dans les tâches qui lui sont
confiées. Cela ne correspond pas à ce qu’il pensait être son emploi. On le sent
dès le début du roman, il se pose des questions, cherche un but dans ce qu’il
doit faire…. Il rencontre par hasard, Agathe, une jeune cambodgienne qui a été
adoptée en France. Le genre de rencontre qui ne s’explique pas, qui n’appartient
à aucune logique mais qui fascine. Le voilà très intéressées par cette jeune
femme qui sait se montrer énigmatique, attachante, captivante… Que
cache-t-elle ? Qu’a-t-elle vécu qu’elle ne peut ou ne veut pas partager ?
Pierre a envie de comprendre, de savoir …. Parallèlement au Cambodge, un jeune
garçon vit une expérience de mort imminente…
Agathe prend alors une décision radicale qui déstabilise totalement le
journaliste. Pierre sent qu’il y a un lien entre ce qu’a vécu l’enfant en Asie
et la réaction d’Agathe en France. Alors, reprenant sa vie professionnelle en
mains, il décide d’agir poussé par une soif de comprendre, mais aussi par ce qu’il
sait être son rôle : ne pas se contenter de la face apparente de l’information
mais aller plus loin, quitte à écorcher, déranger, bouleverser, et ainsi montrer
la face dissimulée, sombre, secrète de ce qu’on nous transmet. On retrouve bien
là une des problématiques de notre époque : rester dans le politiquement
correct, ne pas trop en dire et laisser croire que… Pierre part au combat et le
lecteur le suit, le colle, l’accompagne, prenant fait et cause pour son
engagement, partageant ses craintes, ses
découvertes, ses angoisses, ses espoirs. On bout avec lui, on vibre à ses
côtés, on a peur, on tremble, on se sent concerné et c’est bien la puissance de
l’écriture de l’auteur qui nous met dans cet état.
Le contenu est tout aussi complet que la forme. L’auteur est
parfaitement documenté, glissant ça et là des renseignements, des faits
crédibles, voire réels qui font froid dans le dos. Il ya de nombreuses
références musicales (ah la play list de certains romans de chez Jigal !).
Tout au long des chapitres, on sent le rythme qui s’accélère, comme une course
contre la montre. L’atmosphère s’alourdit, les rebondissements se succèdent,
tout semble échapper à Pierre, il ne maîtrise plus ce qui se déroule sous ses
yeux. Notre cœur et notre esprit suivent la cadence, s’attachant à ses pas, se
révoltant avec lui contre la marchandisation de la misère humaine, contre les
hommes qui ne respectent rien, contre ceux qui savent et préfèrent se taire,
contre les choix que d’autres sont dans l’obligation de faire car ils n’ont pas
d’autres solutions…..
Ce recueil est fort, puissant, il présente des rencontres,
des sympathiques, d’autres non. Il
évoque les hommes dans leurs forces et leurs faiblesses et il fait la part
belle aux vrais journalistes, ceux qui choisissent de lutter pour la vérité et
qui savent se mettre en retrait quand c’est le moment.
« Il coupa sa
caméra. D’un coup, il n’était plus question de mener une interview. Juste d’écouter.
Ecouter, pour apprendre. »*
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