Mort en eaux grises
Auteur : Pierre Pouchairet
Sur une idée et avec la collaboration de Yves Saint-Martin
Éditions : Jigal (Septembre 2018)
ISBN : 978-2-37722-042-7
232 pages
Quatrième de couverture
Après avoir été grièvement blessée lors d’une précédente
affaire, c’est avec appréhension que la commandant Johana Galji reprend ses
fonctions de chef de groupe à la police judiciaire de Versailles. Mais la
découverte dans la Seine du corps d’un plongeur étrangement mutilé l’entraîne
très vite dans une nouvelle enquête qui va révéler l’existence d’une menace
effroyable pour la population. En effet, de la frontière turco-iranienne à
Moscou, en passant par la Syrie, Conflans et Paris, une machination infernale
est en train de se mettre en place….
Mon avis
En refermant ce livre, j’ai laissé échapper un soupir…Ouf,
ce n’était que de la fiction… Pourtant les derniers chapitres
« sentaient » tellement le vrai que mon cœur s’est emballé plus d’une
fois, prenant fait et cause pour ces policiers de l’ombre qui essayaient de
sauver notre pays. D’ailleurs, lorsqu’on
voit que Yves Saint-Martin, ancien inspecteur de police, membre du groupe de
répression du banditisme en région parisienne a donné l’idée de départ et collaboré
avec Pierre Pouchairet, on se dit que les accents de véracité de ce roman ont
de fortes chances d’avoir été issus de situations vécues…. Et cela fait plus
que froid dans le dos…..Brrrr….
Tout commence par la découverte, dans la Seine, d’un cadavre
auquel il manque une main. Johana Galji,
qui revient à la tête de son équipe de police judiciaire après un terrible
accident, va être responsable de l’enquête avec ses collègues. Ce n’est
vraiment pas une reprise en douceur ! Elle va devoir prendre sur elle, maîtriser ses
nerfs et garder l’esprit vif pour cerner les tenants et les aboutissants des
comploteurs afin d’agir à bon escient. En effet, les terroristes ont prévu une
action d’envergure et rien ne les arrête, pas même la mort d’un des leurs. Ils
sont résolus, préparés, conditionnés, rusés, et ne se laissent pas détourner de
leur objectif. Il faut donc être plus forts qu’eux, devancer leurs gestes en
analysant ce qui est connu, observé, afin d’anticiper. Pas facile pour la jeune
femme et ses partenaires mais ils ne lâchent rien.
Ce recueil est intéressant pas plusieurs côtés.
Il y a Johana qui s’accroche
au boulot malgré son traumatisme. On la sent forte et fragile à la fois, il lui
arrive d’être parasitée par des angoisses, des pensées de ce qu’elle a vécu de
terrible mais elle tient toujours. Elle est réaliste, vivante et on ne peut pas
s’empêcher de penser à tous ceux qu’on ne connaît pas mais qui ont eux aussi
souffert dans leur tête et leur corps après avoir été confronté à des situations
semblables dans la vie réelle. J’ai trouvé touchant la solidarité des personnes
qui la côtoient pour la protéger sans le lui montrer.
J’ai également apprécié la pertinence du propos et le ton régulièrement
juste de l’auteur. Tout est (malheureusement ?) crédible et ça fait peur.
On se rend très vite compte que face à la détermination d’un groupe terroriste,
il faut réfléchir (plus rapidement qu’eux), être unis (comme ici avec la police
et les services secrets qui vont collaborer) et agir.
Un dernier point fort est la puissance de l’écriture de
Pierre Pouchairet. Il nous plonge au cœur d’une course contre la montre. Son
style est vif, réaliste, plantant une scène que l’on visualise en quelques mots.
L’atmosphère est anxiogène, la peur palpable, nous prenant dans ses rets. Quant
au rythme, il est soutenu, épuisant tant on a l’impression de vivre ce qu’on lit.
Notre société est confrontée au terrorisme et évoquer cet
état de faits dans un récit est toujours délicat. Ce n’est pas la première fois
que Pierre Pouchairet s’y aventure et il
le fait avec doigté. Il pose des actes, des lieux, et décortique le travail des
enquêteurs. Il présente aussi les raisonnements de chacun, quel que soit le
côté de la barrière qu’il occupe. Un réalisme décoiffant qui nous ouvre les
yeux, nous fait trembler et nous rappelle
qu’il faut rester vigilant. De plus par l’intermédiaire des personnages de
policiers, il rend, avec Yves Saint-Martin,
un hommage appuyé à tous ces hommes et ces femmes qui œuvrent pour notre
sécurité au péril de leur vie.
Un excellent roman où le choc des mots n’a pas besoin du
poids des photos pour nous frapper de plein fouet …..
Merci à ceux qui ont décidé que les droits d’auteur de ce
roman seraient reversés à Orpheopolis, l’orphelinat mutualiste de la police
nationale.
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