L’Alicanto
Auteur : Amadeo Alcacer
Éditions : Santa-Rosa (11 Juillet 2014)
ISBN : 978-1519027771
244 pages
Quatrième de couverture
Le cadavre d'une jolie serveuse est retrouvé chez elle. En
sept mois, six autres jeunes femmes ont disparu dans des circonstances
similaires, assassinées à leur domicile. Les malheureuses sont toutes
découvertes dans des poses très particulières, exposées à la manière des
tableaux de la Renaissance.
Le capitaine Marquez demande à l'inspecteur Diego Alandia,
qui a déjà suivi une affaire similaire dans on pays, de mener l'enquête.
Mon avis
« La mort ne pouvait pas se domestiquer, mais la crainte
légitime qu’elle inspirait pouvait être annihilée, voir maîtrisée jusqu’à
devenir acceptable. »
L’Alicanto est, au Chili, un oiseau mythologique.
Les oiseaux sont insaisissables, multiples par leur chant
et leur plumage … Il y a un peu de ça
dans cet Alicanto qui se déroule sous nos yeux.
Déjà les personnages ont plusieurs facettes, que ce soit
Diego Alandia qui quitte le Chili quelques jours pour aller en renfort en
Argentine afin d’enquêter. Pourquoi ? Certaines similitudes dans le processus
de meurtres d’un pays à l’autre… Diego est un homme sombre, qui subit sa vie
plus qu’il ne la gère. Au niveau personnel et professionnel, il est toujours sur
la corde raide, sur la brèche, entre deux… Entre quoi et quoi ? A la frontière
du bien et du mal, de la tricherie et de l’honnêteté, de la haine et de
l’amour…mi figue mi raisin, il oscille d’une situation à une autre….
Il y a également « L’Alicanto », assassin perfide,
manipulateur, violent, sans scrupules, prédateur qui met en scène ses crimes
comme autant d’œuvres d’art, narguant la police à travers ses écrits….
Et puis, cette journaliste ambiguë qui semble interpréter
les faits à sa façon….
Ces protagonistes qui se côtoient de près, de loin, se
dévoilent, se rétractent, s’égarent parfois sur d’autres routes, nous
entraînant dans les méandres de l’intrigue mais aussi de leurs états d’âmes. Le
lecteur apprend à les connaître, saisit certaines choses, doute, se demande si
ce qu’il imagine peut être vrai et tourne les pages fasciné, dérouté, mais
irrésistiblement attiré….
Après il y a le style, je devrais écrire « les styles » car
l’auteur varie son écriture dans chacune des parties qui composent ce roman.
Au départ, c’est surprenant, cela peut sembler lourd et même
bizarre… Qui est la personne qui s’adresse à Diego et lui dit tu ? « Tu prends
alors une pose inspirée, puis tu contemples derrière le plaignant,….. » . C’est
un espèce de regard extérieur, confirmant qu’il n’est pas réellement maître de
sa vie….Un peu comme si son quotidien était épié à travers une paire de
jumelles. Quelqu’un l’espionne-t-il ? Son âme est fouillée jusqu’au tréfonds,
on accompagne ses recherches, ses raisonnements et en plus on découvre les pays
où il se trouve : Chili et Argentine. L’ambiance est bien retranscrite, le
climat de la contrée présenté avec finesse et précision.
Cette partie est habilement menée et au moment où je me
disais « Bon, ça fait quelques pages que j’ai compris et il en reste encore
beaucoup, que va faire l’auteur maintenant ? ». Paf ! Changement radical
d’écriture, de contenu, de ton…
Bienvenue au monde du noir, dans le cœur sombre de
l’Alicanto…On palpe l’horreur du doigt. Pas à pas, l’Alicanto se confie, s’exprime,
se livre….Esprit tourmenté, pensées effarantes, sans aucun état d’âme, la mort
est son domaine…Le plaisir de tenir la vie des autres entre ses mains, de les
séduire, de les manœuvrer puis de les réduire à néant….
Ses commentaires détachés font froid dans le dos….
La dernière partie, dont je ne dirai rien, est
l’aboutissement d’un thriller riche de par son contenu original, son approche
des « hommes » et des sociétés où ils vivent.
De plus, une grande part est donnée aux raisonnements des
principaux individus qui « hantent » les pages.... leur ombre se profilant dans
la couleur rouge sang qui les relie …
Amadeo Alcacer, dont c’est le premier roman officiel, doit
aimer l’art sous toutes ses formes (littéraires ou autres) car les références
sont de qualité. Ce sont de petites touches de couleurs plus douces au milieu
de ces rouge et noir désenchantés…..
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