Laisse tomber
Auteur : Nick Gardel
Éditions : du Caïman (26 Mars 2019)
ISBN : 978-2919066735
215 pages
Quatrième de couverture
Antoine Spisser est obèse. Ça ne le
définit pas, mais ça le décrit assez bien. Surtout quand il se retrouve en
équilibre sur la rambarde d'un balcon à 15 mètres du sol. Mais ce qui l'a amené
dans cette situation est une autre histoire. Et ce ne sont pas les copropriétaires
de son petit immeuble qui vous diront le contraire. Enfin... Ceux qui sont
encore en vie...
Mon avis
Décapant du rez
de chaussée au dernier étage !
Comme on le voit sur la couverture, Antoine Spisser est en
équilibre à quinze mètres du sol sur la rambarde d’un balcon. Sautera ?
Sautera pas ? Avant de se lancer ou pas dans le vide, nous allons
découvrir comment il en est arrivé là….
Cinquante cinq ans, une hygiène de vie mauvaise et peu d ‘activités
font qu’il est obèse, il ne travaille pas et vit (mal) sur l’héritage de ses
parents qu’il gère de façon désordonnée.
Il habite au rez de chaussée dans une petite bâtisse où vu sa présence
quotidienne, il est facile de le prendre pour le concierge, le gardien d’immeuble,
celui à qui on demande des services, ou de faire régner la paix entre les
habitants lorsqu’il y a des incivilités.
Mais tout cela, il s’en fiche, complètement, et ce qu’il
veut c’est boire sa chicorée (berk) tranquille et regarder des films (il a d’ailleurs
une excellente culture cinématographique) à son rythme. Sauf que… Il le dit
lui-même : « Je suis devenu un
jeune vieillard au milieu de plus vieux encore. » Alors forcément, c’est
à lui que les habitants s’adressent pour un peu d’aide, qu’il ne veut pas
toujours apporter … Conflits de voisinage ? Pas que… Les retraités des
lieux ont peu d’occupations, donc surveiller à travers un œilleton, tendre l’oreille,
tout est l’occasion de spéculer, supposer, se la raconter, ou échanger avec le
colocataire … Langues de vipère, espionnage, médisance, tous ces « vieux »
ne savent pas que faire de leurs journées, alors autant être méchants surtout que
la vie ne fait pas de cadeau lorsqu’on avance en âge et que le physique ne suit
plus ….
C’est avec une langue pleine de verve, de fantaisie
ironique, que Nick Gardel nous emmène visiter les lieux, dans un huis-clos réjouissant.
Les uns et les autres sont acariâtres, plein de ressentiment, peu agréables. En
bricolant dans un des appartements, chez une dame qu’il ne peut pas supporter,
Antoine se retrouve confronté à une situation inédite : l’accident bête qu’il
sera difficile d’expliquer. Que faire ? Se taire ? Mais si le
monsieur d’en face était l’œil collé au judas et qu’il extrapolait le peu qu’il
a vu ? Quelles seraient les conséquences ? Une enquête va être mise
en place, un policier devra démêler les fils de cette histoire. La femme de ménage
dont les horaires comportent des trous paraît la coupable idéale. A quoi bon
chercher plus loin ? C’est sans compter sur toutes les langues qui se
délient, crachent leur hargne, leur acidité.
Jubilatoire, ce roman nous offre des portraits au vitriol,
des dialogues et des réflexions cyniques, bien ciblés, qui feront peut-être
grincer des dents mais qui donnent le sourire. Les mots sont ciblés, choisis, portant
bien haut un humour noir, effronté. L’auteur joue avec eux, se régale et nous enchantent.
Evidemment si on prend tout ça au premier degré, on va se dire que Nick Gardel
exagère, qu’il pousse un peu loin… Mais il faut se laisser porter par son style
vif, acéré, pour en profiter pleinement.
Le sous-titre «Petit
manuel de survie en milieu grabataire » est à lui seul un bon
indicateur de ce qui nous attend, alors … lisez et riez !
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