L’affaire Perceval
Auteur : Pascal Martin
Éditions : Jigal (15 Mai 2019)
ISBN : 978-2377220687
258 pages
Quatrième de couverture
Perceval est au top, adulé, reconnu, jalousé ! La Grande
Tchatche, son émission en prime time, est un succès colossal. Le public adore,
l'audimat est au sommet, la productrice est comblée... Pourtant, quelqu'un veut
la peau de Perceval et s'acharne sur lui. Pourquoi ? Pauvre clown effrayé sur
la piste du grand cirque médiatique, Perceval se voit contraint de quitter la
scène et de prendre la fuite
Mon avis
L’apparence de la vérité est-elle la vérité ?
A la télévision, tout fout le camp, on ne sait plus qui
croire, que croire et tout peut basculer du jour au lendemain, l’élu d’hier
devenant le paria de demain. On le sait mais le plus souvent, on regarde ça d’un
œil extérieur, un peu goguenard. Pascal Martin nous emmène de l’autre côté du
miroir. Gérard Lavaux dit Perceval est chroniqueur à la LGT, La Grande Tchate,
là où il est de bon ton d’écorcher les hommes politiques ou autres célébrités
qui se mettent sur le devant de la scène. La force de Perceval c’est de trouver
les bons mots. La saillie qui fait mouche et qui apporte des éclats de rire. Être
caustique en équilibrant les risques pour ne pas se mettre trop de monde à dos,
trouver le dosage adéquat et prendre un air narquois mais pas trop moqueur,
voilà son travail quotidien. Il réussit et
les taux d’audience sont bons…. Jusqu’au grain de sable… Un banal accident de
moto et un remplaçant choisi par la « Reine mère » (qui d’ailleurs, partage
la vie de Perceval). Ce devrait être l’affaire de quelques jours … Mais il n’en
est rien. L’intérimaire s’en sort plutôt pas mal et semble plaire au grand chef
et au public. Perceval ne se sent pas à l’aise face à tout cela. D’autant plus
que d’autres incidents arrivent et le déstabilisent. Est-il en train de sombrer
dans la paranoïa ou fait-il un burn-out ? Qui tire les ficelles de tout ça ?
Sandrine, sa compagne et productrice de l’émission ? Un collègue jaloux ?
Une chaîne concurrente ?
Le lecteur, impuissant, assiste à la dégringolade de
Perceval. Est-il victime d’un coup monté ou se pose-t-il en victime pour
attirer l’attention ? Pascal Martin nous démontre combien l’interprétation
des faits peut modifier la perception de chaque individu. Chacun voit-il ce qu’il
souhaite observer ou son jugement est-il modifié par l’approche qu’il en fait à
l’instant T ? L’auteur nous montre l’envers des médias où tout est
manipulation, calcul réfléchi le plus souvent. Il nous rappelle que le but est
de gagner des points d’audimat à n’importe quel prix.
Perceval donne une image de lui, celle que lui demande sa
productrice mais qui est-il réellement ? Il a un sacré égo… « Il
déteste l’idée de s’aimer autant lui-même, d’adorer à ce point le regard des
autres, leurs yeux qui brillent d’admiration et d’envie lorsqu’ils se posent
sur lui, mais c’est plus fort que tout. » Jusqu’où est-il prêt à aller
pour garder son « aura » ? Est-il manipulé ou manipulateur ?
Les faits sont là mais quel sens leur donner ?
Un journaliste d’investigation, Malone, qui a côtoyé Perceval,
va se lancer dans une « enquête » pour comprendre ce qui se passe. C’est
un homme bien, il donne des documents à Médiapart quand son rédacteur en chef
manque de courage pour le faire. Mais se lancer dans de telles recherches est
peut-être un peu risqué ? Que va-t-il découvrir ?
Pascal Martin ne néglige aucun aspect de cette télévision
qui n’est plus (beaucoup) fiable. Coups bas, lutte de pouvoirs, mensonges, trahisons,
c’est celui (ou celle) qui attire le plus la lumière qui gagnera. C’est un peu
comme en politique : tous pourris et ce n’est pas Médiapart qui me
contredira ; -)
Le style et l’écriture sont mordants, teintés d’ironie et d’humour noir. Les phrases rebondissent, les scènes se succèdent, quand on croit avoir cerné l’essentiel, nos convictions s‘écroulent et ça repart comme dans un bon feuilleton télévisé. C’est captivant car la vérité n’est jamais celle qu’on imagine. Finalement nous aussi, on se laisse embobiner et ceci pour notre plus grand plaisir !
Le style et l’écriture sont mordants, teintés d’ironie et d’humour noir. Les phrases rebondissent, les scènes se succèdent, quand on croit avoir cerné l’essentiel, nos convictions s‘écroulent et ça repart comme dans un bon feuilleton télévisé. C’est captivant car la vérité n’est jamais celle qu’on imagine. Finalement nous aussi, on se laisse embobiner et ceci pour notre plus grand plaisir !
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