La métamorphose
Le monde selon Cobus, Tome 3
Auteur : Pascal Martin
Éditions : Jigal (17 septembre 2019)
ISBN : 978-2377220830
220 pages
Quatrième de couverture
Cobus, ancien trader cousu d’or clochardisé après un séjour
à Fleury-Mérogis, est sur le point de sortir de la galère après avoir
transformé le squat dans lequel il vit en une entreprise de fast-food haut de
gamme, Le Monde de Juju, cuisine labellisée tradition française. Afin d’être à l’abri
de la convoitise d’un groupe de promoteurs véreux qui s’est acheté les services
d’un caïd sanguinaire, d’un fasciste patenté et d'un flic ripou, Cobus souhaite
que la mairie préempte le bâtiment qui abrite son petit business. Mais un soir,
le squat est ravagé par un incendie criminel dans lequel la vieille cuisinière
qui était à la fois l’âme et la cheville ouvrière du Monde de Juju trouve la
mort…
Mon avis
Deux hommes en un…
Victor Cobus a été trader, mais il a mal géré sa carrière et
il a fait un petit séjour à l’ombre. Il est maintenant à la tête d’un fast-food
« Le monde de Juju », installé dans un squat où il a une chambre. Cependant
pour être totalement tranquille, il souhaite que la mairie préempte son local
qui est convoité par des investisseurs malhonnêtes. Sa petite entreprise surnage
à peu près, avec un équilibre fragile côté finances et donc forcément quelques
magouilles pour payer ce qu’il doit. Mais il sait faire et s’en sort assez
bien.
Tout pourrait tourner tant bien que mal, vaille que vaille
mais un événement va rapidement tout déstabiliser et mettre du mouvement dans
le quotidien des protagonistes. Un peintre méconnu et bizarre, comme beaucoup d’artistes,
met le feu à ses toiles et au squat où lui aussi avait élu domicile. Victor
était en vadrouille et n’a rien eu mais le mal est fait : sa cuisinière, présente
sur les lieux, une brave femme, est morte dans l’incendie. Les pompiers n’ont rien
pu faire ni pour l’un, ni pour l’autre. En furetant un peu, Cobus va découvrir
que rien ne s’est déroulé comme on l’annonce officiellement… cela ne lui plaît
pas car certains procèdent dans l’ombre et pas du tout comme il l’envisageait….
Comment agir, que faire ? Il faut trouver des solutions sans y laisser des
plumes. Mais il est prêt à sortir de sa zone de confort car il ne supporte pas
une certaine forme d’injustice. Aidé par les uns et les autres, Cobus se met à
l’ouvrage.
Sur un rythme endiablé, avec une écriture rapide teintée d’humour
et de gouaille, donnant la parole à Cobus, Pascal Martin nous entraîne dans une
histoire haletante. Victor est un homme à deux visages (et à deux femmes de style
totalement différent) : écrivain et créateur du personnage Jack Wallace,
un héros de polar qui ne s’en laisse pas conter, il est également un petit malfrat
au grand cœur. J’ai beaucoup aimé cette ambiguïté qui lui donne deux facettes.
Parfois, il se croit dans ses romans et agit en tant que tel. Comme son héros
et alter égo, il devient impulsif, bras vengeur, presque violent. Parfois, c’est
le truand malicieux qui se montre : à lui le coup monté, le piège et les
filets qui se referment sur la proie qu’il a choisie. Mais le milieu des malfaiteurs
n’est pas sans « ses règles ». Cobus ne peut pas faire régner la loi
lui-même, il le sait et malgré toute sa bonne volonté, son énergie, il va lui
falloir lutter d’arrache-pied pour obtenir ce qu’il vise. Et il a de la
ressource le bougre ! En plus, il est prêt à tout si ceux auxquels il
tient sont touchés et cela démontre une grande force de caractère.
J’ai beaucoup apprécié cette lecture, elle un petit côté
canaille qui me plaît. C’est sans doute dû à ce joyeux melting-pot tant au
niveau des individus (qui même avec un aspect retors sont quelques fois attachants),
qu’un niveau des situations (le père de Cobus en est une preuve flagrante si
une seule devait être évoquée) mêlant dans la même intrigue des individus de milieux
variés. Et puis, je le redis, il y a ce phrasé qui fait mouche. Un exemple ?
« Ce n’est pas le genre de donzelle à qui tu fais sauter le string dès
le premier soir. Pour lui coller ta clé dans la serrure faut avoir la carte. »
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