Obsession
Auteur : Michaëla Watteaux
Éditions : City Éditions (5 Février 2020)
ISBN : 9782824616391
320 pages
Quatrième de couverture
Cela fait quinze ans que Rose Treymin a disparu lors d’une
promenade en forêt. Personne n’a jamais revu la fillette. Depuis, Iris, qui
accompagnait Rose, est hantée par la culpabilité de l’avoir perdue de vue ce
jour-là. Lorsqu’un auteur à succès propose à Iris de raconter ce qui s’est passé
pour son futur livre consacré à l’affaire, la jeune femme accepte, espérant
ainsi tourner la page. Mais subitement, les fantômes du passé resurgissent.
Mon avis
Persona *
En 2008, elles étaient quatre copines, un été, au centre
équestre. Quatre camarades de différents milieux mais réunis par la passion des
chevaux et les vacances. Et puis, un soir, une envie, faire le mur, aller au
bal et revenir discrètement… Mais au retour, il en manque une, Rose, celle qui
avait un vieux vélo, que les autres n’ont pas attendue, se disant qu’elle
finirait bien par arriver. Le temps a passé, les trois « survivantes » ne
sont plus en contact. Chacune a essayé d’avancer cahin-caha, dans sa vie.
2020, l’une est devenue pharmacienne, l’autre est aux États-Unis,
et la dernière veut devenir actrice. Avant d’arriver en France, elle avait vécu
des choses très dures avec sa mère pendant la guerre en ex-Yougoslavie et ce
traumatisme la suit, la perturbe encore. Elle a changé son prénom, a fait le
nécessaire pour ne jamais oublier celle qu’elle a abandonnée. Se sent-elle encore
coupable si longtemps après ? Elle ne sait pas, elle ne sait plus mais
elle y pense souvent, trop peut-être… Son seul objectif est de réussir dans le
métier de comédienne et elle ne lâche rien. Contactée par un écrivain qui veut
raconter la disparition de Rose, elle se dit que cela lui fera du bien, à la
manière d’une thérapie. Mais ce n’est pas si simple, elle est mal à l’aise avec
les questions de l’auteur et son souhait de tout comprendre. Elle mélange un
peu tout, elle se trouble, se torture les neurones, essaie de retrouver la
stabilité et n’y arrive pas. Est-elle en
train de perdre pied ? Elle qui répond à une amie qui lui demande pourquoi
ce choix d’activité professionnelle : « Tu n’as jamais eu envie de
te dissoudre dans d’autres vies que la tienne, de changer de visage, de peau,
pour provoquer le destin ? »
La construction du roman permet de suivre différents
protagonistes. Chaque chapitre est précédé du prénom du personnage évoqué, de
la date (ou moment de la journée) et du lieu où ça se déroule. Cela permet au
lecteur de tout de suite situer les actions qu’il va suivre. A contrario, j’ai
trouvé que cela « morcelait » beaucoup le récit. Au départ, il y
avait presque un manque de liant, puis je me suis habituée à cette façon de
faire et cela ne m’a plus gênée. Cela offrait finalement d’autres perspectives,
et un autre angle de vue sur les situations exposées.
J’ai beaucoup aimé les nombreuses références cinématographiques,
musicales (ah, EST (page 136), un de mes groupes de jazz préférés ;- ).
Elles apportent un « fond » intéressant à l’intrigue et parfois même,
éclairent Iris différemment. Car il faut
le dire, Iris est le cœur même de l’intrigue, elle nous file entre les doigts.
Quand on croit la cerner elle nous échappe et on ne sait plus que penser d’elle,
même si sa personnalité se dessine peu à peu. La policière qui se consacre aux
cold cases, est également à découvrir.
Michaëla Watteaux a un style et une écriture rythmée, les
contours de l’intrigue se mettent en place au fil des pages et les
rebondissements maintiennent l’intérêt du lecteur. Je ne sais pas qui a décidé
de la couverture mais elle est particulièrement bien choisie, en lien avec le
titre de ma chronique et le contenu de ce recueil qui est un bon thriller
psychologique, rappelant, si besoin est, que le passé nous poursuit toujours et
qu’il faut apprendre à vivre avec (s’il a été douloureux), avant de devenir fou….
* film d’Ingmar Bergman
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