Serial Tattoo
Auteur : Sylvie Allouche
Éditions : Syros (20 Août 2020)
ISBN : 978-2748526806
368 pages
Quatrième de couverture
Pourquoi la commissaire Clara Di Lazio remarque-t-elle cette
femme nigériane qui se tient dans la salle d'accueil du commissariat ? Sans
doute parce que la détresse d'Ayo Madaki est immense. Sa fille Shaïna a été piégée par un homme qui lui a proposé
beaucoup d'argent. Le pire serait qu'elle ait été embarquée par un réseau de
trafic de jeunes femmes. Pour la retrouver, Clara Di Lazio va suivre son
instinct. Et impliquer son équipe corps et âme.
Mon avis
Ce livre est destiné à un public d’adolescents mais il peut
être lu par des adultes. Ce que j’apprécie énormément chez Sylvie Allouche, c’est
qu’elle ne prend pas les ados pour des gamins. Elle les prépare au monde adulte
en abordant des thématiques fortes, importantes, réalistes et en démontrant certains
travers de notre société.
A travers cette nouvelle enquête de Clara Di Lazio et de son
équipe, elle présente les réseaux de ceux qui exploitent les jeunes étrangers
en situation délicate. Toutes ces personnes qui sont venues ici et maintenant
dans l’espoir d’une nouvelle vie et qui ne trouvent rien. Diplômes non
reconnus, logements misérables, pas de papiers, pas de boulot, pas de salaire,
pas de quoi vivre et au bout du chemin….rien. Alors lorsque quelqu’un fait miroiter
un peu d’espoir, un peu d’argent, une porte qui s’ouvre….Pourquoi ne pas y croire,
pourquoi ne pas essayer ? Tout
plutôt que la misère qui vous colle à la peau. Mais que de désillusions, que de
drames…. Et dire qu’on vit dans le pays des droits de l’homme ….
L’auteur monte en puissance au fil de ses ouvrages, tant sur
le fond que sur la forme. J’ai commencé ce récit tard, et je l’ai fini au
milieu de la nuit. Je ne pouvais plus lâcher Clara et son équipe, je voulais savoir.
Le suspense montait, l’angoisse m’étreignait les tripes. Je pense, comme je
suis adulte, que le texte avait un retentissement encore plus fort. Je sais que
ce qui est décrit existe, que le trafic d’être humains est une horreur, que ça
rapporte des sommes fabuleuses à des gens sans scrupules. L’arrivée des
migrants prêts à sacrifier un rein pour avoir une pièce d’identité en est la
preuve. Comment notre monde peut-il tolérer ça ? Avec tous les moyens de
traque policière de plus en plus sophistiqués, pourquoi on n’arrive pas à
coincer ces trafiquants ? Je n’ai pas de réponse. Mais une chose est sûre,
quand, même si c’est dans un roman, toute une équipe se bat pour sauver une
jeune fille embarquée dans une sordide histoire, qu’est-ce que ça fait du bien !
Shaïna est une belle lycéenne africaine, racée, souriante,
arrivée en France avec sa Maman et ses deux sœurs. Dans leur pays, elles
avaient une vie agréable, elles étaient heureuses. Un jour, pour des raisons
politiques, tout a basculé et il a fallu fuir. Arrivées en terre d’accueil,
rien n’a été aisé et leur quotidien est ardu. Alors lorsqu’un homme lui fait
miroiter une somme exceptionnelle pour un « travail », elle accepte.
Sauver sa mère et ses frangines, c’est merveilleux pour elle. Elle sait qu’elle
prend des risques, qu’elle va probablement souffrir mais elle est contente de
faire quelque chose pour celles qu’elle laisse derrière elle. Sa génitrice va
trouver les billets de banque et se rendre au commissariat pour lancer un appel
au secours. Passant par là quand elle raconte son histoire, Clara, la
commissaire décide de prendre l’affaire en main avec ses fidèles coéquipiers. Ils
vont se battre pour essayer de retrouver Shaïna et au passage récupérer d’autres
jeunes en fâcheuse posture.
L’enquête est rythmée, l’écriture vive et fluide. Pas un
seul temps mort et des faits très crédibles. Dans le groupe d’enquêteurs, il y
a une chef, Clara, mais chacun a sa place, importante, avec ses compétences,
ses qualités, ses failles, ses faiblesses. Lorsqu’un d’eux flanche, a un coup de
mou ; les autres lui redonnent l’énergie d’avancer. La solidarité n’est
pas un vain mot entre eux et ce sont des liens forts qui les unissent. Les
personnages sont (malheureusement pour quelques-uns) crédibles, décrits avec
juste ce qu’il faut pour qu’on les visualise bien. Il en est de même pour les différentes
situations. On sent que Sylvie Allouche s’est renseignée avant de rédiger pour
que tout soit plausible. Plus elle écrit, plus ses textes sont étoffés,
recherchés et c’est un vrai plaisir de la lire !
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