Le policier qui rit (Den skrattande polisen)
Auteurs : Maj Sjöwall & Per Wahlöö
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Michel Deutsch
Révisé à partir du suédois par Benjamin Guérif
Éditions : Payot & Rivages (21 Octobre 2020)
ISBN : 978-2-7436-1889-6
338 pages
Quatrième de couverture
Par une pluvieuse soirée de novembre, tous les passagers
d'un autobus sont massacrés au fusil mitrailleur. Jamais la Suède n'avait connu
pareille tuerie, et l'opinion publique s'affole. Parmi les neuf victimes, un
flic que Beck connaissait. Que faisait-il dans ce bus, à cette heure ? D'après
sa compagne, il était surchargé de travail, mais Beck sait bien, lui, qu'il
était pratiquement en congé...
Mon avis
Maj Sjöwall & Per Wahlöö qui étaient mari et femme, ont
écrit, à quatre mains, une dizaine de polars qui se déroulent autour de 1968
dans une Suède d’après-guerre qui n’est pas si idyllique qu’on pourrait l’imaginer.
Leurs romans sont une véritable peinture et une fine analyse de la société de
ce pays et de son évolution dans la période choisie. « Le policier qui rit »
est le quatrième de la série.
En ce 13 Novembre 1967, il faut protéger l’ambassadeur des
Etats-Unis d’une manifestation des citoyens suédois qui n’aiment ni Lyndon Johnson
ni la guerre du Vietnam. C’est dire si la police est sur les dents et très
occupée. A 23 heures, le même jour, alors qu’il pleut énormément, les passagers
et le conducteur d’un autobus sont massacrés. Les deux policiers arrivés sur
les lieux souillent de leurs chaussures boueuses le peu d’indices qui auraient
pu être récupérés. Martin Beck et son équipe mènent l’enquête. La première
chose à faire est d’identifier les passagers puis de chercher un éventuel lien entre
eux et de comprendre les motivations du tueur. Tout de suite ils réalisent qu’un
des leurs était dans le car. Que faisait Åke Senstrom, jeune collaborateur de
Martin à cette heure-ci, sur ce trajet ? Pourquoi n’était-il pas auprès de
sa fiancée puisqu’il n’était pas en service ? Est-ce que Åke cachait
quelque chose à sa compagne, à ses coéquipiers, avait-il des secrets ?
Ce sont des investigations méticuleuses et précises que vont
mener les enquêteurs. Ils vont fouiller le passé des victimes, essayer de cerner
leurs habitudes, de rencontrer ceux et celles qui les ont côtoyées. Cela nous
permet de voir qu’à Stockholm, tout n’est pas forcément facile. Il y a des
étrangers qui cherchent du travail et vivent dans des conditions précaires au niveau
de l’hébergement. Il y a la police qui est de temps à autre moquée, peu
respectée. Il y a également, comme partout, les journalistes qui rodent et sont
à l’affut de la moindre information. Et il y a la part d’ombre de chaque
personne décédée dans la tuerie. Pas d’indices, pas de témoin, la tâche est
ardue mais les hommes sont motivés, ils en « veulent ». Ils fouillent
les vies, le quotidien de ceux qui ont péri. Ils observent, ils notent, ils
font des hypothèses…. ». Ils vont finalement établir un lien avec un fait passé
et progresser pas à pas, un jour après l’autre.
Les auteurs font des descriptions minutieuses et pourtant ce
n’est pas lourd à lire. Sans doute parce qu’il y a de nombreux dialogues qui
permettent de suivre l’évolution des réflexions et les raisonnements de chacun.
On pourrait croire que c’est lent car il n’y a pas vraiment d’actions vives, de
rebondissements mais l’avancée est là et l’intrigue, soigneusement ficelée, est
en elle-même intéressante.
L’écriture est fluide (vraiment on ne se rend pas compte que
deux personnes rédigeaient) et l’intérêt reste présent. Bien entendu, les policiers
n‘ont pas les moyens actuels pour résoudre les affaires mais ils s’en sortent
très bien. L’atmosphère est bien retranscrite, et c’est un atout supplémentaire
pour maintenir le lecteur dans l’histoire. J’ai vraiment apprécié cette lecture
qui m’a donné envie de découvrir l’adaptation en film (1973) et en bande
dessinée (2011).
Pour aller plus loin....
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire