Road Tripes
Auteur : Sébastien Gendron
Éditions : Albin Michel (27 Mars 2013)
ISBN : 978 2 226 24825 1
288 pages
Quatrième de couverture
Quand deux paumés décident de jouer aux cow-boys sur des
routes où les pompes à essence ont remplacé les Indiens, cela donne une course
folle et déjantée entre Bordeaux et Montélimar, soient 4000 kilomètres en dents
de scie à manger des sardines à l’huile et des gâteaux secs, à foutre le feu
aux forêts et à vider un fusil pour secouer le décor…
Mon avis
Et le perdant est….
Un Road Movie déjanté dû à une rencontre improbable ou
comment se mettre dans la panade sans en avoir l’intention (heureusement !!!)…
Vincent Coste a un travail, une femme (enceinte), un
logement, une famille qui l’aime. On pourrait utiliser le raccourci tant
galvaudé « Tout pour être heureux »… Mais tout un chacun sait bien que «
pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué » ? Ce serait sans compter
sur l’imagination débridée et sans fin d’un Sébastien Gendron déchaîné….
On aimera ou on n’aimera pas, il me semble que ce roman
supportera difficilement la demi-mesure quoique…
Notre homme va donc se retrouver à chercher un travail,
histoire de maintenir son statut social et, d’accessoirement, prouver à son
épouse qu’il se prend en mains.
Il est donc embauché par une société de distribution de
prospectus, pas de quoi pavoiser lorsqu’on a voulu être pianiste professionnel,
mais au moins, il n’est pas à la rue, ni au chômage et il devrait recevoir un
semblant de salaire pour peu qu’il respecte les consignes données par son employeur,
à savoir, bien mettre les publicités dans les boîtes aux lettres de la zone qui
lui a été allouée ….
Tout ceci en attendant de trouver mieux, cela s’entend….
Ceci c’est la version lisse et expurgée d’un livre qui n’en
aurait pas été un sans la coïncidence qui met notre pauvre héros en face de
Carell Lanusse, embauché par le même patron….
Nous allons nous retrouver avec deux losers sur les bras car
le duo va vite être face à des événements qu’ils gèreront en accumulant les
erreurs, Carell emmenant Vincent toujours plus loin, toujours plus bas….
Il est nécessaire, si l’on veut prendre du plaisir, de lire
cet opus au second degré sinon on pensera très vite que l’on a à faire à deux
dépravés et que c’est une « honte d’oser écrire des choses pareilles » faisant,
en quelque sorte, une banalisation de la violence.
Car des morts, des blessés et du sang, il y en a à foison
dans les pages qui racontent l’épopée de ces deux êtres en perdition. Vincent, sans trop savoir
pourquoi, est monté dans la voiture de Carell et tout est parti de là. De
kilomètres en kilomètres (l’intitulé des chapitres nous dit la plupart du temps
le kilométrage parcouru), la spirale infernale deviendra de plus en plus
profonde, de plus en plus rapide car lorsqu’on commence à être en marge de la
société il est difficile de s’arrêter….
Les personnages enchaineront les erreurs, les bêtises (et
pas des petites) jusqu’à la conclusion … On pourra penser que l’auteur aurait
pu écourter ou rallonger son texte à souhait car il suffisait de mettre une
entrevue de plus ou de moins …. Sur ce point là le dosage (du nombre de pages)
est le bon.
N’est pas Donald Westlake qui veut… Le trait m’a semblé
parfois un peu lourd… et c’est sans doute dommage. Je n’ai pas ri autant que
j’aurais pu le faire. Je reconnais malgré tout que l’écriture est acérée,
mettant en dérision des actes qui sont graves dans les faits, mais qui,
présentés comme ils le sont, portent à rire. Je pense aussi qu’il est plus
difficile de faire rire que le contraire et l’écrivain a un talent indéniable
(où est-il allé chercher tout ça ?,) les dialogues sont savoureux et amusants.
Il glisse régulièrement des références musicales ou cinématographiques et cela
étoffe le propos …
De plus, si on va plus loin que la musculation des
zygomatiques, ce livre nous montre combien est fragile cette barrière qui
sépare la normalité d’une vie « dérangée » (dans tous les sens du terme). Il
suffit de peu pour passer de l’autre côté et une fois qu’on y est, on prend
goût à certaine forme de « liberté » se moquant de tout ce qui semblait nous
entraver dans le monde des « bien pensants….
Une playlist accompagne la lecture, on la découvre à la fin
(sauf si on a commencé le livre par les dernières pages…). Il aurait été
intéressant de la mettre en valeur de façon différente..
Une lecture originale qui détend, parfaite pour les
transports cet été (mais ne suivez pas les idées de l'auteur ;-)
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