Un autel rue de la Paix
Auteur : Florence Rhodes
Éditions du Caïman (4 novembre 2021)
ISBN : 978-2919066933
358 pages
Quatrième de couverture
Pas de congé paternité pour le commandant Hamelin. Lors d'un
été caniculaire, il se lance aux trousses d'un tueur en série qui sévit aux
adresses du plateau du jeu de Monopoly. Rue de Vaugirard, boulevard de la
Villette, avenue Mozart, le compteur tourne, les cadavres s'empilent, et Abel
Hamelin a la sensation oppressante que ce meurtrier, qui conserve toujours
quelques cases d'avance, connaît tout de son passé, de ses fêlures et du secret
familial qui le ronge.
Mon avis
Le commandant de police Hamelin est amoureux de la syntaxe,
de la belle langue. Il n’hésite pas à reprendre ses collègues pour que tout le
monde s’exprime de façon correcte et avec un vocabulaire de choix. On ne va s’en
plaindre, d’autant plus qu’il excelle également pour les enquêtes. Il n’attaque
pas directement, il tourne autour de sa proie, l’observe avec acuité, trouve la
faille, s’y engouffre et fait craquer les coupables les plus retors. Il est
tellement bon dans son métier qu’on le dérange un peu n’importe quand, même
lorsque sa femme accouche ! Répondre présent, est-ce une façon de fuir pour
lui qui se pose beaucoup de questions sur son futur rôle de père ?
On peut d’ailleurs se demander pourquoi ça le tourmente autant
d’être bientôt Papa, d’habitude c’est plutôt source de joie…. On va le savoir,
c’est lié à son histoire personnelle, à son enfance. Des failles et des
douleurs qu’il porte en lui et qu’il cache. Mais pas le temps de s’attarder
auprès du bébé, il faut se remettre au boulot…
Un meurtre, un deuxième, un autre, le tout en plein Paris….
Liés, pas liés ? Bien que les personnes assassinées n’aient rien en
commun, les enquêteurs réalisent assez vite que les lieux où se déroulent les
faits font penser au plateau de Monopoly….. Par contre, comment sont choisies
les cases, que signifient les objets incongrus déposés dans les appartements où
se déroulent les crimes ? La police cherche, essaie d’anticiper afin de
devancer le tueur, et de le battre de vitesse mais ce n’est pas simple.
Abel Hamelin, lui, s’interroge, quelque chose le titille. Tout
à coup, il réalise que tout concorde pour le mettre en situation délicate, le
coincer, voire le faire accuser. Qui se cache derrière cet odieux jeu de
Monopoly détourné ? Quel est son but ? Qui lui en veut au point de
souhaiter le détruire ?
Parallèlement aux évènements du présent où Hamelin et son
équipe mènent les investigations, nous faisons des sauts dans le passé, en
1980. En tant que lectrice, j’ai essayé d’assembler les éléments de ces deux
époques pour comprendre les faits mais je ne voyais pas où aller….
Ce roman se lit tout seul et a été un agréable moment pour
moi. Je n’avais pas vu venir le rôle trouble de certains personnages et ça c’est
une bonne chose, j’aime bien être surprise, voire déstabilisée. L’écriture de
Florence Rhodes est fluide, elle manie les mots à la perfection et pas
seulement par l’intermédiaire d’Hamelin. Son intrigue, construite autour d’une
idée originale se tient sans fausse note. Il y a un excellent dosage entre les pistes
approximatives, les rebondissements, les coups bas, les menteurs, les traites
et ceux sur qui on peut miser car ils sont droits dans leurs bottes.
La part d’ombre d’Abel Hamelin est intéressante et bien
pensée, elle nous rappelle combien sont douloureux les traumatismes de l’enfance.
On les traîne toute sa vie. Il conditionne l’homme et la femme que nous
devenons. Sans eux, Abel serait différent, plus « léger » mais il
doit vivre avec et s’en accommoder. Devenir père va peut-être l’aider à passer
outre, à se sentir plus fort, c’est ce qu’on lui souhaite !
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