Le dernier vol (The Last Flight)
Auteur : Julie Clark
Traduit de l’américain par Penny Lewis
Éditions : L’Archipel (7 Juillet 2022)
ISBN : 978-2809841565
338 pages
Quatrième de couverture
Claire avait tout planifié pour fuir Rory, homme politique
charismatique doublé d'un mari tyrannique. Mais, à la dernière minute, la
mécanique s'enraye. Son chemin croise alors celui d'Eva à l'aéroport JFK. Elle
aussi a de bonnes raisons de vouloir changer de vie. Et si chacune prenait la
place de l'autre ? Claire s'envole donc pour Oakland au lieu de Porto
Rico, où elle apprend, horrifiée, que le vol qu'elle aurait dû prendre s'est
abîmé en mer. Claire est désormais Eva aux yeux de tous. Mais la nouvelle vie
dont elle rêvait pourrait se révéler pire que celle qu'elle a laissée derrière
elle.
Mon avis
Claire est mariée à Rory, l’homme idéal, beau, connu et
reconnu que beaucoup de femmes lui envient. Ça c’est « sur le papier »
car en vérité, Rory est un tyran, qui veut tout régenter, qui terrorise son
épouse et l’a coupée de toutes ces connaissances pour mieux la dominer.
Surveillée, « sous coupe », Claire étouffe mais ne sait pas comment
sortir de cette situation inextricable. Rory est tellement puissant, influent,
qu’il a le don de manipuler les faits, les personnes. Si elle se rebelle, il
fera tout pour la détruire. Pourtant, depuis de longs mois, Claire prépare son envol.
Aidée par Petra, une amie discrète et efficace, elle a tout planifié. Pour la fondation
de son conjoint, elle participe à de nombreux événements pour des causes humanitaires,
seule ou avec lui. Pour le prochain qui est programmé, elle ira seule en avion
à Detroit et profitera de cette occasion pour disparaître. Malheureusement, le
jour du départ, l’adjoint, le bras droit plutôt (et même le bras armé) de son
compagnon la prévient que ce sera Porto Rico à la place de Detroit. Tout ce qu’elle
avait mis en place, prévu, tombe à l’eau. C’est la panique complète. Que faire,
comment se sortir de l’emprise de son compagnon ?
À l’aéroport, elle croise une jeune femme, Eva, et elles
finissent par discuter. A demi-mots, elles se comprennent et décident de tenter
un truc de fou. Échanger leurs identités et leurs vols respectifs. Chacune y
gagnera et aura l’occasion de recommencer une nouvelle vie ailleurs. Est-ce que
c’est si simple que ça ? Peut-être pas mais elles sont toutes les deux
acculées, et c’est le moment ou jamais de prendre une autre direction. Alors elles
foncent. Catastrophe ! L’avion d’Eva disparaît et Claire est seule
désormais dans la peau et la vie d’Eva.
Ce roman se décline à travers les yeux des deux femmes. Les
chapitres s’appellent « Eva » ou « Claire ». Pour la
première il y a un narrateur extérieur, pour la seconde, le récit est à la
première personne. Quand il s’agit d’Eva, on découvre son passé et on comprend
pourquoi, elle aussi, avait ce désir de devenir une autre. Pour Claire, on est
dans le présent le plus souvent.
L’écriture est très addictive (merci à la traductrice), le
style vif, le phrasé fluide. Comme on passe de l’une à l’autre, le rythme est
soutenu et l’intérêt va crescendo. Ce n’est pas aussi léger qu’on pourrait le
croire en lisant le début. De nombreux sujets sont évoqués et certains
événements (je pense à l’assistante) ont été soigneusement pensés pour que l’histoire
se tienne. Ce qui fait, qu’à la fin toutes les pièces du puzzle s’emboîtent.
J’ai plongé tête première dans ce récit, et je n’avais pas
envie de poser le livre. Je n’ai pas vu le temps passer. Les deux femmes, très
différentes, sont attachantes dans leur détresse, leur désir de passer
réellement à autre chose. On les sent fortes et fragiles à la fois, parfois
démunies, hésitantes. Leurs personnalités sont bien décrites, tout à fait
réalistes. Les hommes qui les manipulent se servent d’elles dans les deux cas.
Et il leur faudra beaucoup de ténacité pour espérer trouver une solution. Un
roman sans temps mort comme je les aime !
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