Vos entrailles à nos chiens
Auteur : Pascal Thiriet
Éditions : Jigal (15 Septembre 2022)
ISBN : 978-2377221752
178 pages
Quatrième de couverture
Lydia de retour au village est accueillie par le maire, son
oncle Bartolomé, qui s’est porté garant suite à la condamnation dont elle a
fait l’objet. Zia, sa tante, soigne et propose ici des remèdes pour conjurer le
mauvais sort… Andréa, un gamin mazzéru, s’endort, rêve qu’il part à la chasse
et qu’au matin il ramène une bête dont la tête est celle de quelqu’un du
village qui mourra dans l’année…
Mon avis
La Corse, son maquis, ses taiseux, ses silences, ses cris,
ses animaux, ses habitants qui savent tout mais ne disent rien. Une atmosphère
particulière sublimée par un phrasé au cordeau.
Lydia revient au village après une condamnation, elle ira
chez « son oncle » (oui sur cette île, tout le monde est de la même
famille) qui s’est porté garant. Elle est proche de Zia, une femme bizarre qui a
des pouvoirs ou qui fait comme si. Et puis il y a Andréa, un jeune garçon avec un
cœur d’homme trop grand pour lui. Il rêve beaucoup, et c’est perturbant car il
ne sait plus (el lecteur itou) où est la limite entre la réalité et la rêverie.
Il est proche de Lydia, parce que, sans aucun doute, comme lui, elle n’est pas
vraiment de ce monde. Ils sont entre deux univers. Alors ils se retrouvent et
se comprennent, l’adulte et le môme, presque comme deux amis. Et ils partagent,
des choses qui ne s’expliquent pas car ils ont besoin de peu de mots, si peu
pour échanger et être en phase…
Des hommes meurent mais personne n’a rien vu, encore moins
entendu, pourtant les corps sont mis en scène d’une drôle de façon. Le juge qui
est sur place observe, essaie de démêler tout ça mais n’avance pas…. Il
faudrait peut-être que le merle, qui voit tout, raconte … mais rien à faire, il
ne se confie pas…
J’ai aimé la place des femmes dans cette aventure. On peut
les imaginer (nous sommes en Corse) silencieuses, vêtues de noir, disciplinées
mais il n’en est rien. Elles vivent, animées par un feu qui brûle en elles …..
C’est avec une écriture minimaliste que Pascal Thiriet s’exprime.
Cela peut sembler déstabilisant tant il faut imaginer ce qui est écrit entre
les lignes, voire même entre les mots. Mais finalement c’est très bien. À
chacun d’imaginer le récit, ce qui est suggéré, ou tout simplement insufflé par
ce qui existe déjà. J’ai apprécié cette espèce de dépouillement qui oblige l’auteur
à choisir chaque mot avec précision, car comme ils sont peu nombreux, ils
doivent être forts pour transmettre beaucoup. Et cela incite ceux qui lisent à
se laisser porter vers d’autres ailleurs qu’ils devinent …
C’est un roman inclassable, noir, atypique, au style épuré, vif et empli de poésie, de nature et de vent ….. Il se glisse en vous et vous emmène sur d’autres sentes …..
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