"Une saison pour les ombres" de R.J. Ellory (The Darkest Season)

 

Une saison pour les ombres (The Darkest Season)
Auteur : R.J. Ellory
Traduit de l’anglais par Etienne Gomez
Éditions : Sonatine (5 Janvier 2023)
ISBN : 978-2355849909
410 pages

Quatrième de couverture

Nord-est du Canada, 1972. Dans cette région glaciale, balayée par les vents, où l'hiver dure huit mois, la petite communauté de Jasperville survit grâce au travail dans les mines d'acier. Les conditions de vie y sont difficiles. Montréal, 2011. Le passé que Jack Deveraux croyait avoir laissé derrière lui le frappe de plein fouet lorsqu'il reçoit un appel de Jasperville.

Mon avis

Les Devereaux ont été une famille, des parents, trois enfants et puis tout a explosé. Ils avaient quitté le coin du Québec où ils habitaient pour s’installer à Jasperville, « J’espère-ville » mais rapidement le « j’espère » est devenu « je désespère ». Une bourgade sensée vous donner du travail et une vie agréable mais en fait une véritable catastrophe. Rien n’y pousse, la nuit arrive tôt, c’est loin de tout, il n’y a pas d’animation. Une seule piste permet d’y accéder. On y perd le sens de l’orientation, le peu de liens qu’on a avec l’extérieur, , le temps s’efface. Aussi Jacques, un des garçons, a fui, dès que possible, persuadé qu’une autre vie lui conviendrait mieux. Il a laissé derrière lui les souvenirs douloureux, la violence du paternel, la dépression de la mère….

Est-ce que c’est facile d’oublier ? Pas sûr mais lui il s’est appliqué à ne rien dévoiler à ses nouvelles connaissances sur ce qu’il a été et ce qu’il a vécu. Effacés les souvenirs et la famille. Mais on le sait bien, le passé nous rattrape toujours…. Le frère de Jack a des problèmes avec la justice et il doit retourner à Jasperville. Il pense que c’est l’histoire de quelques jours et hop il va reprendre le cours de sa vie comme si de rien n’était.

Mais bien évidemment, ce n’est pas comme ça que les choses se passent. Jasperville est un lieu à part, qui obéit à ses propres règles, ses traditions, où les habitudes ne changent pas, le mode de fonctionnement restant identique. Ce n’est pas aisé de vivre là, de se faire une place quand des événements tragiques arrivent.

En revenant à jasperville, Jack n’imagine pas un instant qu’il va être confronté à ses propres démons, à ses erreurs. La culpabilité le ronge, il ne sait plus comment agir pourtant il a envie d’aider son frère. Il est sans cesse écartelé entre le désir de repartir et celui de comprendre.

Le lecteur le suit entre 1972 et 2011. On découvre ce qui a gangréné les relations familiales et villageoises, ce qui a détruit les liens entre certaines personnes. Ce sont des gens ordinaires mais un grain de sable et la destinée est transformée.

C’est le point fort des romans de cet auteur, nous montrer l’influence du hasard, des petites choses qui peuvent déstabiliser un équilibre peut être fragile. C’est sombre, c’est noir, l’atmosphère est lourde, mais c’est terriblement addictif. Les personnages sont finement travaillés, leur côté obscur est bien présent. Qu’est-ce qui pousse un homme à devenir méchant, à commettre des actes impardonnables ? Ellory sonde les esprits, les âmes, gratte au plus profond pour cerner chaque individu.

Son écriture est belle. Le vocabulaire (merci au traducteur) est de qualité, un tantinet poétique. Ce sont des récits durs sans beaucoup d’espoir mais tellement bien rédigés qu’on ne peut qu’aimer.

Je suis totalement fan de cet auteur !


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