L’affaire Pallas Toulon, 1942
Auteur : Paul Vecchiali
Éditions : L’Archipel (1 er octobre 2014)
ISBN : 9782809815696
310 pages
Quatrième de couverture
27 novembre 1942 : la flotte toulonnaise s’est sabordée. Au
petit matin, deux compagnons de la Résistance, Henri Frenay et l’inspecteur
Yannick Bellec, découvrent un cadavre agrémenté d’une carte à jouer : la
maléfique dame de pique, dite Pallas. Bellec réalise que ce meurtre s’ajoute à
une série de neuf autres, non élucidés, perpétrés selon le même rituel.
C’est le point de départ d’un récit qui suit deux cours
opposés : d’une part, la Résistance en action, autour du fondateur de Combat,
Henri Frenay ; d’autre part, l’enquête de Yannick Bellec, persuadé que ces
assassinats sont étroitement liés aux événements de la « drôle de guerre ».
Mon avis
Yannick Bellec : le breton, mais aussi caméléon….
S’inspirant des récits et des archives de son oncle : Lucien
Sicard, un ancien résistant ; Paul Vecchiali nous entraîne en 1942 au moment où
la flotte de Toulon se saborde pour éviter d’être capturée par le troisième
Reich.
Mélangeant de façon habile les personnages et les faits
ayant existé à ceux issus de son imagination, nous allons suivre Yannick Bellec
dans une enquête concernant neuf meurtres. Ils sont tous reliés par la carte à
jouer : Pallas, la dame de pique : figure ambiguë qui ne regarde pas en face et
dont on dit qu’elle porte malheur. Yannick Bellec est un personnage peu
ordinaire. Il est inspecteurs de police aux côtés du commissaire Galabert mais
également résistant, et c’est dans ce cadre qu’il croisera Lucien Sicard
(l’oncle de l’auteur) ainsi qu’Henri Frenay, Jean Moulin et d’autres. Il aime à
jouer les caméléons se faufilant dans d’autres tenues que la sienne. Ainsi il
donne le change car on ne le reconnaît pas. Cela peut avoir des avantages mais
aussi, parfois, des inconvénients… De façon peu orthodoxe, il mène ses
recherches, refusant, de temps à autre, de communiquer sur ce qu’il a appris ou
découvert avec sa hiérarchie. Ce n’est pas forcément du goût de ses supérieurs
mais en bon breton, entêté, il s’obstine. Il joue un peu « cavalier seul ».
Les deux facettes du principal protagoniste vont permettre à
l’auteur et aux lecteurs de revisiter l’Histoire avec plusieurs regards. C’est
indéniablement un plus, très intéressant.
Bellec note en vrac, sur des bouts de papier volants, tout
ce qu’il retient à la fin de chaque journée. Il privilégie ce système plutôt
que des notes « organisées » et classées par ordre chronologique. D’ailleurs,
son esprit est un peu semblable. Il part sur une idée, la creuse, revient à une
autre, enchaîne etc… Mais ce n’est pas pour autant que le livre est « brouillon
», bien au contraire !
Celui qui lit se repère sans difficultés dans les différents lieux et personnages. Les dialogues sont très nombreux et apportent « du mouvement » au récit. Le vocabulaire est abordable et quand il le faut, il est celui de l’époque. L’écriture est fluide. Il n’y a pas de temps mort et les faits s‘enchainent très rapidement. On est accroché aux pas de Yannick Bellec. Les « seconds » rôles sont également à suivre, notamment Philippe et Alexandre ainsi que la belle Jeanne, qui sont des êtres de papier mais parfaitement intégrés aux événements décrits.
Le « fond » historique servant de décor à cet opus est bien
retranscrit, sans excès (ce n’est pas un livre historique, on reste donc bien
dans la catégorie « roman ») et cela permet de revoir un peu les conditions de
la résistance, surtout dans le Var, probablement grâce aux souvenirs partagés
et aux traces écrites laissées par Lucien Sicard.
Pour agrémenter tout cela et donner de la force à son texte,
Paul Vecchiali n’a pas oublié de mettre un peu de piment : un zeste d’amour
(contrarié ou pas), des amis fidèles mais aussi des traites, des zones d’ombre,
des questions … Tous les ingrédients pour tenir en haleine celui qui tourne les
pages.
J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman, je ne
connaissais pas cet auteur et c’est une belle découverte. Le mélange
fiction/histoire ne m’a pas gênée et m’a même donné envie de découvrir un peu
plus précisément cette période et les événements évoqués.
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