Joli mois de mai (May God Forgive)
Auteur : Alan Parks
Traduit de l’anglais (Ecosse) par Olivier Deparis
Éditions : Rivages (1 er Mai 2024)
ISBN : 9782743663339
436 pages
Quatrième de couverture
Le voile du deuil s'est abattu sur Glasgow : un salon de
coiffure a été ravagé par un incendie qui fait 5 morts. Lorsque trois jeunes
sont arrêtés, la foule de déchaîne. Mais sur le trajet vers la prison, le
fourgon cellulaire est attaqué et les trois jeunes gens enlevés.
Mon avis
Mai 1974, on retrouve l’inspecteur Harry McCoy, (mais le
livre peut se lire indépendamment des autres titres), il a un ulcère et doit
faire attention à ce qu’il boit, ce qu’il mange, mais il s’en fiche un peu. Il
travaille avec Wattie, un collègue qu’il apprécie bien qu’ils soient très
différents. Il est même le parrain de son fils.
Glasgow est en deuil. Un salon de coiffure a été
volontairement incendié et les habitants sont en colère. Cinq morts, des
femmes, des enfants, il faut coincer les coupables au plus vite. Trois jeunes
sont arrêtés mais après avoir été entendus, le fourgon qui les transportait est
attaqué et ils se volatilisent. Est-ce le richissime père de l’un d’eux qui a
monté cette opération commando pour éviter la case prison à son fils ? Ou
autre chose ? McCoy s’interroge d’autant plus que le paternel concerné nie
toute implication.
En parallèle Wattie enquête sur une jeune fille, découverte
assassinée dans un cimetière. Que faisait-elle là ? Une bande de clichés
issue d’un photomaton semble le seul indice pour découvrir qui elle est car
elle n’est pas seule sur les photos. Il y a également cet homme, vendeur de
magazines pornographiques qui s’est suicidé, pourquoi ?
Les policiers écossais n’ont pas le temps de boire un café
ou une bière….Ah si, de temps en temps, pour obtenir des informations, mettre
sur la sellette quelqu’un qui sait éventuellement quelque chose. Après il faut
réussir à le faire parler et ce n’est pas forcément simple ….
Ce qui est difficile pour McCoy c’est que ses recherches le
renvoient à sa propre histoire, à son enfance douloureuse, son papa défaillant
etc… De plus, il montre des failles, des fragilités même s’il essaie de donner
le change. Il peut provoquer ceux qu’il interroge avec quelques phrases assassines,
bien placées. Tout ça le rend diablement attachant, même quand il est maladroit
ou ne prend pas soin de sa santé. Dans ce roman, on découvre la face sombre de
cet homme, les fantômes qui le hantent. C’est un solitaire, il souffre mais
reste seul, refusant toute aide. Il est policier mais il aurait pu être de l’autre
côté de la barrière. Cela lui offre quelques contacts dans le milieu mais son
équilibre reste fragile notamment quand les juridictions tardent à agir ou ne
font rien par manque de preuves ou de courages ou face à des gens trop forts
qui achètent le silence, alors il sent la révolte qui gronde en lui.
Dans ces temps incertains, l’auto justice n’est pas un vain
mot. La police ne peut pas toujours décider de qui est coupable ou innocent,
parfois la loi de la rue passe avant elle et elle ne récolte que des cadavres….
McCoy peut-il laisser faire, transgresser les règles, lui qui les représente ?
L’auteur ne s’embarrasse pas de fioritures, il nous montre
la ville dans sa triste réalité. Des quartiers gangrénés par les gangs qui
s’affrontent. Les prostitués, les voleurs, les alcooliques sont bien présents, l’atmosphère
n’est pas à la joie. Il a une écriture (merci au traducteur) nerveuse, rythmée,
dépouillée, pas de temps mort.
J’ai trouvé l’intrigue bien pensée, construite avec doigté et finesse. Tout se déroule sur peu de jours dans un mois de mai qui n’a rien de joli. C’est une des histoires les plus tristes, les plus noires d’Harry McCoy. Ce qu’on apprend sur lui fait mal et j’espère une lueur d’espoir dans le recueil qui parlera de juin …..
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