"Traverser les montagnes et venir naître ici" de Marie Pavlenko

 

Traverser les montagnes, et venir naître ici
Auteur : Marie Pavlenko
Éditions : Les Escales (22 Août 2024)
ISBN : 9782365698078 
354 pages

Quatrième de couverture

Astrid a tout perdu. À quarante ans, plus rien ne la retient, alors elle part. Elle achète sans l’avoir visitée une maison isolée dans la région montagneuse et sauvage du Mercantour. Parmi ses bagages, un carton marqué d’une croix rouge, ce qu’il lui reste de sa vie passée.
Soraya a tout laissé derrière elle. Sa Syrie natale, sa famille, ses amis, son insouciance. Elle traverse la montagne pour rejoindre la frontière française en se cachant de la police. Dans son ventre, une vie qu’elle déteste grandit.

Mon avis

L’une a quarante, l’autre est adolescente. Un point commun ?  Ce sont deux femmes brisées, blessées, meurtries. La première a choisi de s’installer et de s’isoler en montagne, une façon pour elle de fuir sa douleur, omniprésente, qui se rappelle à elle par vagues, la nuit, le jour, tout le temps. La seconde a quitté la Syrie pour espérer arriver dans un pays accueillant et avoir une meilleure vie. Mais elle a vu et vécu des horreurs alors qu’elle est à peine sortie de l’enfance…

« Ils sont amputés d’un pied, d’orteils, comme s’ils n’étaient déjà pas tous amputés, de famille, de liberté, d’avenir. »

Leur rencontre n’était pas programmée. C’est ça le hasard, celui qui se joue des hommes et des femmes, qui intervient dans leur quotidien, et quelques fois, bouleverse tout sur son passage.

Elles vont s’apprivoiser, apprendre à se connaître et partager un bout de chemin… Elles se comprennent à demi-mots et se rejoignent dans la peine.            

« Elle est sa sœur, leurs souffrances se font écho, un écho terrible, froid et désolé. »

Ce recueil parle de culpabilité, de deuil, de solidarité, de peur, de communication plus ou moins maladroite, de résilience …  de ces mains qui se tendent ou pas, qu’on accepte ou pas, de ce désir d’en finir pour ne plus penser, ne plus être assailli par les souvenirs qui font mal et les verbes conjugués au conditionnel… mais également de ces petits riens qui aident à avancer, à tenir, un pas après l’autre ….

L’auteur présente deux beaux portraits de femmes, des battantes qui deviennent plus fortes parce qu’elles sont deux, voire plus. Autour d’elles gravitent d’autres personnages, quelques-uns sont un peu caricaturaux par leur comportement, mais ce n’est gênant tant on est pris par l’histoire. On suit l’évolution de chacune et le cheminement pour se réconcilier avec la vie ….

J’ai beaucoup aimé ce roman qui offre toute une palette d’émotions. Marie Pavlenko ne fait pas dans le pathos ou le larmoyant, elle part de deux situations crédibles et le charme du récit fait le reste ….
Le choix des extraits de poèmes est judicieux, de bon goût. Un même événement peut être éclairé de plusieurs points de vue, avec des retours en arrière et une sensibilité différente. L’écriture est délicate, toute en nuances et c’est un plaisir de la lire.


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