Tenir debout
Auteur : Mélissa Da Costa
Éditions : Albin Michel (14 Août 2024)
ISBN : 978-2226472731
608 pages
Quatrième de couverture
Jusqu’où peut-on aimer ? Jusqu’à s’oublier…
Le nouveau roman de Mélissa Da Costa nous plonge au cœur de l’intimité d’un
couple en miettes et affronte, avec une force inouïe, la réalité de l’amour, du
désespoir, et la soif de vivre, malgré les épreuves.
Mon avis
Je n’ai pas lu les derniers livres de Mélissa Da Costa, j’ai
été déçue par « Je revenais des autres ». Devant l’enthousiasme pour « Tenir
debout », j’ai retenté.
François, comédien professionnel, va laisser son épouse Isabelle,
metteuse en scène, pour s’installer avec Éléonore, dix-huit ans plus jeune que lui.
Elle est pétillante, pleine de fantaisie et ils sont fous amoureux. Mais alors
que tout semble se mettre en place, c’est le drame. Un accident et François est
hospitalisé. Le verdict tombe, il ne marchera plus jamais.
Mélissa Da Costa décrit les étapes du deuil « du corps
d’avant » : le choc, le déni, la colère, la dépression avant de se
résigner, d’accepter, et si possible se reconstruire.
Elle s’est renseignée auprès d’un jeune couple : Yann
et Pauline, très présents sur les réseaux pour parler du handicap. Elle a
écouté des médecins, des soignants pour la rééducation, des psychologues, des
familles. Ça se sent car elle décrit sans tabou toutes les difficultés :
le sexe, la toilette, le quotidien où le lieu de vie n’est pas forcément adapté,
les sentiments de chacun. Les amis qui ne savent plus comment agir etc.
Rien de révolutionnaire, ces thèmes ont déjà été abordés par
d’autres. Elle le fait bien mais ça reste une écriture assez « appliquée »,
un peu lisse mais bien en phase avec le sujet.
Elle donne la parole à François ou Éléonore,
les deux disent « je » et partagent leurs ressentis, quelques fois
sur une même situation. Que peut devenir leur couple, quel avenir pour François
pour qui le théâtre, c’était se sentir vivant ?
Elle explique que la jeune femme ne sait plus à quoi se
raccrocher, que tout prend l’eau, même ses amitiés. C’est un tsunami et elle n’est
pas prête à encaisser la haine, la révolte de son compagnon. Lui, il est abimé
et pas seulement physiquement… Légèreté et insouciance ont disparu pour eux
deux. Éléonore est dévouée, mais elle a besoin de souffler sans culpabiliser.
« Je suis toujours heureuse de prendre mon sandwich
à la cafétéria, hors de sa chambre. Je reconstitue mon masque, je me prépare à retourner
au combat. Je fais durer cette trêve avant la bataille suivante. C’est ma respiration.
Quand je suis ici, j’ai parfois envie de le fuir. Quand je me trouve à l’appartement,
je rêve d’être à ses côtés. Je ne suis jamais pleinement heureuse. Ni ici ni
là-bas. »
Le côté le plus intéressant, pour moi, c’est celui-ci,
lorsque l’auteur parle du combat, non pas du blessé, mais de celui qui est à
côté. Quelle attitude adopter ? Comment gérer le mal être de l’autre, ses
cris, le fait qu’il rejette celui ou celle qui est resté le, la, même ?
Comment trouver la bonne « distance » ? Aider, être présent-e
mais sans trop en faire et sans tout accepter parce qu’on a le souhait que
celui ou celle qui a été touché-e dans sa chair s’en sorte, puisse sourire à
nouveau, être passionné, avoir envie de vivre, de reprendre une activité
professionnelle (mais laquelle ?).
Pour cette approche de « l’aidant », les mots m’ont
semblé justes, moins « convenus », tout est exprimé avec beaucoup d’intelligence,
de doigté.
Bien sûr, certains événements sont prévisibles, d’autres sont
un peu « trop », un tantinet « exagérés ». J’ai ressenti un
coup de mou dans l’intérêt lors d’un de ces faits.
Je reconnais le formidable et sérieux travail de fond de Mélissa Da Costa pour la rédaction de ce récit. Je me suis ainsi « réconciliée » avec elle. J’ai lu cette histoire d’une traite, sans sauter de pages, pour voir le devenir des personnages. Même si je ne suis pas totalement conquise, je ne regrette pas cette lecture.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire