"La plus jolie fin du monde" de Solène Bakowski

 

La plus jolie fin du monde
Auteur : Solène Bakowski
Éditions : Récamier (6 Février 2025)
ISBN : 978-2385771638
322 pages

Quatrième de couverture

Quand Gaëlle apprend que sa grand-mère, Yan, vient d'être victime d'un AVC, elle court la rejoindre sur son île en Bretagne. À l'hôpital, Yan se trompe d'époque, de lieu, voit des choses qui n'existent pas. Dans ses propos décousus auxquels personne ne prête attention, un détail interpelle Gaëlle : un signe, que la vieille femme affirme avoir reçu après 55 ans, 6 mois et 17 jours d'attente. De quoi parle-t-elle ? D'où vient ce décompte si précis ? Gaëlle tente de résoudre le mystère.

Mon avis

Yan a pratiquement élevé Gaëlle, sa petite fille. Elle vit toujours en Bretagne, seule, dans une petite bâtisse, loin de ses deux filles encore vivantes. Mais cette année, cette mamie attentionnée n’a pas souhaité l’anniversaire de « sa puce ». Alors Gaëlle s’inquiète et devant le silence, elle finit par appeler la voisine la plus proche. Elle apprend que sa grand-mère a été victime d’un AVC et qu’elle est hospitalisée. Elle abandonne son travail, pour lequel elle n’avait aucune appétence, et file sur les terres bretonnes.

C’est un besoin viscéral d’être auprès de celle qui a toujours été là pour elle. À elle de prendre le relais, de soutenir, écouter, aider, organiser … La situation est compliquée, la malade a un côté paralysé, des problèmes de déglutition et parfois la mémoire qui part à vau l’eau… Ses deux filles ne se parlent pas, suite à un contentieux. Gaëlle est là au milieu, prise en sandwich. Elle est de la génération suivante et les frangines ne se gênent pas pour lui faire comprendre qu’elle n’a rien à dire, que ce sont elles qui décideront de ce qui convient le mieux pour leur mère. Les relations sont tendues et rien n’est simple.

D’autant plus que parfois, Yan « déparle », elle semble perdue dans des souvenirs lointains et elle parle de Jane ou James ainsi que d’un signe qu’elle a attendu pendant plus de cinquante-cinq ans et qu’elle aurait enfin reçu… Gaëlle écoute, note, regarde dans la vieille demeure, sans trop fouiller, si quelque chose fait « tilt ». Elle se renseigne dans le village, auprès des connaissances et réalise assez vite qu’un fait ancien a divisé les habitants et qu’elle ignore totalement un grand pan du passé de Yan.

Ça tombe bien, elle a du temps et ça lui donnera l’occasion d’échanger en profondeur avec sa mamie chérie et qui sait, peut-être de l’amener vers la guérison ? Elle se lance alors dans une espèce d’enquête, portée par quelques conversations avec son aïeule. Ce n’est pas évident car elle se questionne sur ce qu’elle lui dit. Où se situe la vérité, la part d’interprétation car les pensées sont lointaines et quelquefois confuses ? Elle essaie d’avancer malgré tout entre ce qu’elle ressent, ce qu’elle cerne, ce qu’elle imagine. Et on la suit sur ce chemin …

Ce roman aborde des sujets touchant à l’intime, il est d’une infinie délicatesse, la pudeur est présente, offrant une approche fine des relations humaines, des non-dits, des secrets, de la fin de vie. Le texte se partage entre passé et présent au gré des recherches de la jeune femme et des retours en arrière dans la tête de Yan. Notre perception des événements, des protagonistes s’affine. On met en place quelques pièces du puzzle puis elles bougent, reviennent, d’autres arrivent et bouleversent nos certitudes.

L’écriture de Solène Bakowski est douce, elle aime ses personnages, elle en prend soin, elle les accompagne dans leur quotidien. J’ai trouvé qu’il y avait des réflexions très justes sur l’émancipation de la femme autrefois, sur la vieillesse, sur le choix de continuer les soins ou pas. Ce sont forcément des thèmes qui nous interpellent. Quel que soit notre âge, on se sent concerné ou on le sera et à ce moment-là, quelles options se proposeront à nous ?

Un livre sur la famille, la transmission, une belle découverte !


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