Insoumis
Auteur : Patrick S. Vast
Éditions : Aconitum (Avril 2016)
ISBN : 9791096017010
200 pages
Quatrième de couverture
Jean Boitel et Noëlle Damour auraient pu former le petit
couple parfait des Trente Glorieuses. Mais la guerre d'Algérie bat son plein,
et Jean est accusé du meurtre d'un jeune appelé du contingent. Réfugié à Paris,
il y apprendra sa condamnation à mort par contumace.
Mon avis
Jusqu’au bout de la vie….
Ils s’aimaient d’amour tendre, les tourtereaux, Jean et
Noëlle, comme ces jeunes couples des années soixante à qui la vie souriait. La
guerre d’Algérie arrive, les recrues se font parmi les jeunes français et lui,
le bel amoureux doit partir se battre là-bas. A quoi bon « épouser »un combat
qui n’est pas le sien, qui lui semble flou ? Pourquoi quitter son pays alors
que tout va très vite être fini (c’est ce qu’on lui dit) ? Et puis il y aura
forcément une amnistie permettant aux insoumis de sortir de leur cachette et de
reprendre le cours de leur vie quand tout sera rentré dans l’ordre …. Jean n’a
pas choisi cette situation, faire son service militaire, d’accord, puisque
c’est obligatoire mais aller au front pour une cause qui n’est pas la sienne et
risquer de ne jamais revenir, non ! Alors il décide d’être insoumis et de se
terrer en entendant l’accalmie…. Noëlle a peur mais elle le comprend….
Le temps passe, les événements s’enchaînent, pas vraiment
comme les jeunes gens les avaient envisagés. S’il est besoin, ce roman nous
rappelle qu’on ne maîtrise jamais tout, ni le cours de son destin, ni les actions
collatérales qui en changent la direction…. Jean sera confronté à des
situations qui lui échappent, obligé d’agir vite, parfois sans réellement
réfléchir….
Sur fond de guerre d’Algérie, de trahison, de complots,
Patrick S. Vast nous expose des personnages attachants pour la plupart. Ave une
pudeur toute masculine, à mots choisis, il évoque les sentiments des uns pour
les autres, les rapports de force et le poids de l’argent…. Le portrait de
Noëlle, toute en force et douceur, est une réussite. C’est une « belle »
personne. Comme d’autres femmes que Jean trouvera sur sa route et qui
l’aideront, simplement parce qu’elles croient en lui…
J’ai beaucoup aimé la construction du roman, on découvre
l’année 2001, puis on passe aux situations des années soixante avec parfois un
aller retour en 2001. Les premières pages vous questionnent et donnent le
souhait d’en savoir plus très rapidement. L’écriture est précise, directe, avec
toutefois une bonne part pour les émotions de chacun. Le fond de l’intrigue,
avec une trame historique donne de la consistance à l’ensemble. On retrouve ce
qui s’est passé, la musique de l’époque avec un clin d’œil aux bons vieux tubes
que nos parents écoutaient, les faits principaux également, comme Mai 68.
L’auteur doit aimer la musique car les titres sont toujours sélectionnés avec
goût et vous donnent des envies de bande son pour accompagner la lecture. On
balaie une quarantaine d’années avec l’atmosphère de cette période. C’est très
bien exprimé et on s’y croirait. On pourrait penser que moins de deux cents
pages pour parler de tout ce temps c’est un peu juste. Et bien non, pas du
tout. Le rythme est bien réfléchi, l’essentiel de l’actualité nécessaire à
l’évolution de la situation des protagonistes agencé avec doigté.
C’est donc un ensemble harmonieux, agréable et loin d’être
vide de sens que nous propose la toute nouvelle maison d’édition Aconitum.
L’air de rien cet opus n’est pas du tout une bluette. Des sujets graves sont
abordés et s’ils ne sont pas approfondis, c’est par choix de l’auteur (enfin
c’est ce que je pense) pour ne pas alourdir le propos et laisser un texte
abordable par tous. Après, ce sera à chacun de répondre s’il le souhaite, aux
différentes interrogations qui ne manqueront pas de germer. A commencer par la
principale : qu’aurais-je fait à leur place ?
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