Le diable vous emporte
Nouvelles Dora-Suarez n° 7
Auteur : Collectif
Éditions : du Caïman (12 Octobre 2019)
ISBN : 9782919066773
230 pages
Quatrième de couverture
Elles sont huit à avoir prêté leur plume. Huit auteures de
polars et de romans noirs reconnues. Et lorsque l’association Dora-Suarez* leur
a proposé de participer à un recueil collectif dont le thème était de jouer
avec les limites ...à dépasser ou pas, elles ont pris un malin plaisir à jouer
avec les-dites limites, dans toutes les acceptations du terme. C’est donc à un
road-trip littéraire et géographique que ce septième opus des « Nouvelles
Dora-Suarez » nous convie.
Mon avis
Ce recueil de nouvelles a été écrit par huit femmes, la
photo de couverture est celle d’une femme. Seul le responsable de la maison
d’éditions est un homme mais, à sa décharge, il est agréable et charmant. Cette
lecture est le résultat d’une belle rencontre au salon des éditeurs indépendants
stéphanois le 12 Octobre 2019. J’ai eu le plaisir de discuter avec l’éditeur et
deux auteurs (désolée, je n’aime pas le mot « autrice »). Parmi les
huit personnes qui ont écrit, j’avais déjà lu et apprécié (pour des romans)
trois d’entre elles. Cet aparté terminé, entrons dans le vif du sujet.
Chacun des récits est précédé d’une courte présentation de
celle qui l’a rédigé. En quelques mots, on la connaît un peu, suffisamment pour
avoir une idée générale de son parcours. Huit textes, huit styles, huit tons, huit
lieux, huit univers. Rien ne les relie si ce n’est le fait de jouer avec les
limites comme annoncé sur la quatrième de couverture et d’aller plus loin (sans
tomber dans le gore). Quoique, si, il y a un point commun. Une phrase trouvée
dans les dernières pages, est « parlante » pour toutes les tranches
de vie (de mort ?) évoquées.
« Cependant, quelle que soit la façon de voir les
choses, l’intime vérité d’un être est inatteignable. »
En effet, on ne connaît jamais à fond ceux qu’on côtoie, on ne
sait jamais jusqu’où quelqu’un peut aller parce qu’il aime, hait, souffre ou
souhaite se venger. Chaque être est imprévisible et c’est bien ce qu’on va constater.
Chaque auteur a su me toucher, certaines fois avec une
tristesse diffuse, une forme de désespérance, d’autres fois avec une pointe d’humour,
même si le contenu est noir, sombre. Je crois que la force de chaque fiction
est d’avoir laissé, à un moment ou un autre, une place, même infime, même entre
les lignes, même très discrète, à une part d’humanité. En outre, la variété des
contextes est intéressante. On peut se retrouver sur les plages ensoleillées de
Cuba, dans un hôpital (et finir le cœur en vrac), à Alep, en France…. On peut
rencontrer une bande de copains, une femme seule, un couple, une psychologue à
l’écoute des autres (mais pas d’elle-même), etc. … Les différents protagonistes
sont bien ciblés, la multiplicité des lieux est quant à elle enrichissante. Je
me suis demandée si les écrivains avaient communiqué entre elles, si elles
avaient parlé de ceux qu’elles allaient présenter ou si chacune avait suivi sa
propre route….
Les thèmes et les sujets que l’on découvre sont tout à fait
d’actualité. La Syrie, les femmes maltraitées, la maladie, etc… Même si l’association
Dora-Suarez promulgue la littérature noire, il n’en est pas moins vrai que les
écritures et les styles font preuve de doigté, de finesse, tout en repoussant les
limites pas forcément pour apporter le mal….
L’exercice de la nouvelle n’est pas facile, il faut être
percutant, faire mouche en peu de lignes, ne pas s’encombrer de détails mais en
donner suffisamment pour que le lecteur se sente concerné. Ces huit femmes ont
réussi avec brio à sublimer leur talent pour nous offrir des textes qui nous
prennent aux tripes et nous bouleversent. Bravo !
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