Pleine balle
Auteur : James Holin
Éditions : du Caïman (23 février 2021)
ISBN : 978-2919066872
272 pages
Quatrième de couverture
La nuit tombe sur Creil, frigorifiée par l'hiver, lorsque,
le chef de l'antenne PJ trouve la trace du Blond. Cela fait des années que ce
flic mystérieux à la main de résine surnommé Camerone par ses hommes traque le
manouche, prince des casseurs. Il réunit au coup de sifflet son groupe. Les
flics s'enfoncent dans la nuit à sa recherche.
Mon avis
Je ne sais pas si c’est à cause de la bataille de Camerone (combat
qui opposa une compagnie de la Légion étrangère aux troupes mexicaines le 30
avril 1863 lors de l'expédition du Mexique) mais c’est ainsi qu’on nomme ce commissaire
de la Police Judicaire de Creil. D’origine kabyle, né dans une famille très
modeste, rien ne le destinait à être flic. Est-ce que c’est pour ça qu’il s’affranchit
de ses supérieurs, des ordres de réunions qu’on lui donne ? Ou tout simplement
parce qu’abîmé par la vie, vivant seul (sa femme a préféré partir devant son
caractère plus que tourmenté), il n’a, comme on dit, plus rien à perdre ?
Alors me direz-vous, pourquoi il continue ? Probablement à cause d’une
vengeance qui l’habite, le fait avancer dans les journées noires et sombres qui
se ressemblent toutes. Son idée fixe ? Le Blond. Un manouche, violent,
voleur, qui passe toujours entre les mailles du filet. Pourquoi lui ? Il
faudra, au fil des pages, remonter dans le passé de Camerone, pour comprendre.
Un passé douloureux, dont il joue un peu en ne le partageant
que par bribes et en ne dévoilant qu’une partie de la vérité. Il est limite asocial
ce gars et de ce fait, pas très attachant. Il ne traite pas de façon agréable
ses collègues, encore mois la femme avec qui il entretient des relations
épisodiques et sans véritable affection. Comme si son histoire personnelle
était tellement dure à digérer, à vivre, qu’il ne pouvait pas donner de lui,
restant à distance, indifférent en apparence.
Convoqué pour une réunion avec quelques huiles, il y va en
traînant les pieds, simplement parce qu’il n’a pas le choix et bien entendu, sans
aucune envie. Comme les autres fois, il ne se montre pas à son avantage et
écoute d’une oreille distraite jusqu’à ce qu’une information fasse tilt. Des
distributeurs de billets ont été attaqués et le mode opératoire lui rappelle celui
du Blond dont il n’a pas entendu parler depuis de longues années. En outre, une
voiture brûlée vient d’être découverte, elle a été volée, pas très loin de là.
Une enquête rapide via les caméras de surveillance lui donne confirmation de ce
qu’il pense, un des hommes cagoulés semble être le Blond !
Il réunit en hâte une équipe, se renseigne auprès d’indicateurs
et la course poursuite s’engage. Obnubilé par son désir d’attraper le Blond, il
ne calcule pas le danger, il fonce, entraînant ses coéquipiers dans sa folie. Car
ses actions sont débridées, brutes de décoffrage, réfléchies rapidement (trop quelques
fois). Il est dans l’action, pas dans la réflexion et pour cela il est un peu
énervant. On a envie de lui dire de se poser, de réfléchir avant de se lancer
aux trousses de celui qu’il traque. Mais bon, rien à battre, ni du lecteur, ni
des collègues, ni de la hiérarchie…. Un électron libre….
C’est avec une écriture sèche, âpre, sans aucun pathos, que James
Holin tisse son histoire. Les femmes sont quasiment inexistantes dans son
intrigue, elles ont sans aucun doute des difficultés à se faire une place
auprès de Camerone, tant ses relations aux autres sont complexes. Il est
épuisant et s’épuise lui-même je pense car il n’arrive pas à vivre pour la vie
tout simplement. Tout au long des chapitres, le rythme ne faiblit pas, à l’image
du personnage principal qui ne se pose jamais et qui ne trouvera peut-être
jamais la paix.
Une lecture qui fait mal, comme un coup de poing, tant le
mal-être de Camerone est présent dans le récit mais un roman à découvrir.
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