"Faut pas rêver" de Pascale Dietrich

 

Faut pas rêver
Auteur : Pascale Dietrich
Éditions : Liana Levi (6 Mais 2021)
ISBN : 979-1034904051
210 pages

Quatrième de couverture

Rêver d’un crime fait-il du dormeur un suspect ? C’est ce que n’ose imaginer Louise, depuis deux mois, réveillée en sursaut au beau milieu de la nuit par Carlos. Son compagnon parle dans son sommeil, en espagnol et avec véhémence. Il semble revivre encore et toujours la même scène, dont il affirme ne pas se souvenir au matin. Sans cet inquiétant désagrément, Louise serait certaine d’avoir enfin rencontré l’homme idéal : Carlos a quitté l’Andalousie pour exercer le métier de sage-femme à Paris. Que cache sa somniloquie ?

Mon avis

Somniloquie

Somniloquie … je ne connaissais pas ce mot avant de commencer le roman. Bien sûr, je voyais le rapport avec le sommeil mais ça n’allait pas plus loin. Ce trouble, c’est le fait de parler en dormant (de façon plus ou moins intelligible). Cela peut se caractériser par quelques mots ou de longues phrases.

Le genre de chose qui fait rire quand c’est chez les autres et qu’on regarde de l’extérieur mais quand c’est dans son couple, de plus pratiquement toutes les nuits, c’est plutôt la « cata ». D’ailleurs, Louise en a ras le bol. Carlos, son compagnon, l’homme qu’elle aime par-dessus tout, somniloque tous les jours en milieu de nuit. Si seulement, il était calme, se contentant de grommeler quelques mots, ça irait. Mais non, il s’agite, il hurle, il crie en espagnol (sa langue d’origine) et bien sûr le matin, il ne se souvient pas…. Louise ne comprend rien mais vu le ton vindicatif, hargneux, violent employé par son conjoint, elle se pose des questions auxquelles il ne peut pas répondre …..Pourtant, des noms de personnes apparaissent dans ce qu’il dit….

Carlos aurait-il vécu un épisode de cruauté, a-t-il une part bestiale enfouie en lui ? Pourtant, c’est l’homme idéal. Il a suivi une reconversion après son départ de la péninsule ibérique et il a appris le métier de sage-femme. Écologique, défenseur de l’environnement, adepte du développement durable, attentionné, prêt à être Papa, il a tout pour plaire, non ? En général, c’est là qu’on dit « Oui, mais… »

Et effectivement « Oui, mais….. », il y a cette histoire de parlottes chaque nuit qui fatigue, inquiète, interroge Louise. Elle se décide à agir. Comme sa copine parle couramment l’espagnol, elle va utiliser un dictaphone lorsque son cher et tendre parlera et elle chargera sa camarade de traduire pour voir ce que ça donne. Secret de filles, chut !! Lui ne sera au courant de rien.

Elle prend des risques car ce qu’elle peut découvrir va peut-être modifier le regard qu’elle a sur son cher et tendre mais basta, elle veut savoir. De soirée en soirée, elle enregistre, glissant parfois un mot en espagnol pour relancer la diatribe, ne lâchant jamais son dictaphone et elle envoie le résultat à son amie. Les premières traductions lui font un peu hausser les épaules, du style « ouais tout ça pour ça » puis découvrant qu’un même scénario semble se répéter, elle essaie de tendre des perches dans les conversations « de jour » (sans succès) jusqu’à prendre une décision radicale qui l’entraînera bien plus loin que ce qu’elle avait imaginé.

En cette période morose de COVID, une lecture qui détend, sort de l’ordinaire sans tomber dans le loufoque, qu’est-ce que ça fait du bien (en plus, on apprend des choses, vous savez ce que c’est : un INFP ? L’écriture est pétillante de fantaisie, parfois décalée et pleine d’humour, de dérision. Quant au contexte, à lui seul, il vaut le détour. Je dis souvent que lorsqu’on rit, on gagne des minutes de vie, et bien là, ça se mesure en heures pas en minutes (pourtant le nombre de pages n’est pas excessif). L’air de rien, le propos n’est pas si anodin qu’on le pense. Le poids de la famille, des conventions familiales, la place des non-dits, le rôle de parents, la morosité dans les couples, le mensonge, sont, entre autres, des thèmes abordés, certes avec légèreté mais avec beaucoup d’intelligence.

Vous voulez lire une comédie noire et drôle ? (si, si, les deux ensemble, c’est possible) alors foncez !


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