Tout part à la nuit
Auteur : Louis Cabaret
Éditions : Liana Levi (24 Août 2023)
ISBN : 979-1034908035
224 pages
Quatrième de couverture
Par appréhension ou par habitude, peut-être par confort,
elle n’a jamais quitté la petite ville où elle est née. Pourtant, le quotidien
de Tiffanie ne tient qu’à un fil. Deux enfants à charge, un ex-mari en prison,
la fatigue qui s’accumule dans son corps d’aide-soignante. Et la violence,
sourde, latente, qui explose parfois quand Chris, son fils de quinze ans, perd
le contrôle ou quand les copains ont un peu trop bu. Il suffit d’une rencontre
avec un nouveau venu le soir du 14 Juillet pour inverser la tendance. En
Marvin, Tiffanie trouve un compagnon capable de l’épauler et de gérer ses fils.
Un compagnon parfait, sauf aux yeux du cadet, Joris, qui n’arrive pas à lui
faire confiance.
Mon avis
« Tout part à la nuit » est le premier roman de
Louis Cabaret, et s’il continue dans cette veine, il se fera rapidement une
place dans la cour des grands. Bravo aux éditions Liana Levi pour la
publication de ce récit.
Tiffanie est une femme et mère de famille déjà bien
éprouvée. Son ex-époux est en prison, et elle a à charge leurs deux fils dont
un ado perturbé, qu’elle a du mal à contenir tant elle est épuisée par son
boulot d’aide-soignante, les tensions à la maison, le manque de sommeil, les
difficultés à tout gérer.
Parfois, histoire de souffler un peu, elle sort. Et en ce 14
Juillet, c’est ce qui se passe, elle va au bal, à la fête, surveille du coin de
l’œil ses gosses et essaie de se détendre et d’oublier. Oublier qu’elle a une
vie de m.., qu’elle pourrait partir ailleurs (mais pour faire quoi ?), que
les choses auraient pu tourner autrement si sont homme n’avait pas joué au c….
Et là, elle fait une rencontre. Il s’appelle Marvin. D’abord méfiante envers
lui, elle finit par se laisser apprivoiser au fil des jours par sa gentillesse,
son écoute, son soutien sans faille, sa présence tout simplement.
Alors il s’installe chez elle. Il a du boulot, ne boit pas
trop, sait se montrer tendre, l’aide à canaliser son aîné. Il fait d’ailleurs
ami-ami avec lui, la première cuite, la pêche entre hommes etc…Il est là pour
le grand qui finit par se détendre. Le petit est plus méfiant. Sur ses gardes,
il n’aime pas les regards de cet homme quand il ne se sent pas observé.
Dès le début, le lecteur prend Tiffanie dans ses bras, dans
son cœur. Elle galère, c’est la faute à pas de chance. On voudrait l’aider, l’accompagner,
que des jours meilleurs arrivent. Un bénévole propose d’accompagner les enfants
au parloir pour voir leur père, ils ne savent pas s’ils ont vraiment envie ou
pas. J’ai été bénévole pour une maison d’arrêt et ces passages sont criants de
vérité dans les descriptions et les ressentis de part et d’autre. Ça rend
triste car on sait que certains parents enfermés ou jeunes en visite vivent les
événements exactement comme ça.
La vie s’écoule tranquille…euh pas vraiment. On devine entre
les lignes que Marvin n’est peut-être pas si net que ça. Pourtant on aimerait
croire le contraire. Elle a déjà assez ramassé Tiffanie, elle n’a pas besoin d’une
merde de plus.
Ce court récit à l’écriture âpre, brillante, au style
minimaliste, est une pure réussite. Un électrochoc, un coup de poing. On y
découvre certains adultes dans un monde où ils ont perdu toutes leurs illusions,
des gosses dont l’enfance est déjà gâchée, abîmée, voire brisée de tout ce qui
pourrait être beau. Les rêves n’existent plus.
Louis Cabaret décrit un milieu où les individus partent déjà
avec « un handicap » et auront du mal à relever la tête. Mauvaises
décisions ? Pas là au bon moment ? Fréquentations mal choisies ? Les
raisons ne tiennent pas en deux lignes. Elles sont multiples. Nous ne partons
pas tous avec le même « jeu » en mains et certains, dès le début,
sont confrontés à des situations douloureuses. Alors qu’espérer ? Limiter
les dégâts ou inverser la tendance ?
Ce premier titre, très abouti, en appelle d’autres. Monsieur
Cabaret, reprenez vite votre stylo !
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