"L'affaire Vargas et autres enquêtes / Quaresma, déchiffreur" de Fernando Pessoa (Quaresma, decifrador)

 

L'affaire Vargas et autres enquêtes (Quaresma, decifrador)
Quaresma, déchiffreur
Auteur : Fernando Pessoa
Traduit du portugais et postfacé par Michelle Giudicelli
Éditions : Christian Bourgois (5 Juin 2025)
ISBN : 978-2267055146
578 pages

Quatrième de couverture

Grand admirateur d'Arthur Conan Doyle, Pessoa invente avec le personnage de Quaresma son propre Sherlock Holmes. Un vieux célibataire passionné de charades, médecin sans patients, reclus dans sa petite chambre de Lisbonne où il passe l'essentiel de son temps à lire, à fumer et à boire. Quaresma, doué d'un sens aigu de l'observation, est celui à qui fait appel son ami policier Manuel Guedes quand il cale sur une affaire insoluble - un parchemin disparu, une mort suspecte, le vol d'une caisse d'or...

Mon avis

Fernando Pessoa est né en 1888 à Lisbonne. Jeune homme introverti, idéaliste et anxieux, il a écrit sous de nombreux pseudonymes. À sa mort, on a découvert des manuscrits dont ces enquêtes sous forme de nouvelles.

Comme elles ont été retrouvées alors que l’auteur était décédé, elles sont plus ou moins abouties et d’inégale longueur. Ce qui est le plus intéressant, c’est de découvrir Quaresma, un personnage totalement atypique. C’est un vieil homme qui vit seul, médecin qui ne soigne personne, qui boit et fume trop. Il a un copain policier. Ce dernier doit, régulièrement, mener des enquêtes, observer sur les lieux des méfaits (assassinat, suicide, vol etc) et résoudre, au mieux, chaque affaire à laquelle il est confronté.

Lorsque ça coince, qu’il n’entrevoit pas de réponse, il fait appel à Quaresma. Celui-ci rentre alors en scène (et j’emploie ces mots à dessein), comme s’il jouait un rôle. Il parle à haute voix, fait des déductions, il se pose « en déchiffreur », il « appréhende » les choses à sa manière, avec une argumentation bien personnelle. Ses raisonnements sont longs, il part dans une direction, revient, repart et livre une finalité le plus souvent étonnante mais cohérente. Il a l’art de cerner ce que personne n’a imaginé. Il a une logique qui défrise, qui bouscule, qui régale car on ne voit rien venir. Le fonctionnement de son cerveau est unique, il développe sa pensée avec de nombreux détails, parfois il est obligé de se répéter, sans doute pour s’imprégner de ses idées, les « consolider ». Peut-être que certains lecteurs pourront être énervés par cette façon de faire. Personnellement, ça n’a pas été le cas, parce qu’au -delà du texte, des monologues ou des dialogues, j’ai été fascinée par la logique de cet homme.

Il se penche sur le comportement des hommes, en fait une analyse détaillée, explorant caractère, actions, motivations, folie cachée … Il part des faits incontestables et essaie de les relier par des hypothèses, et pour chacune, il évoque immédiatement son opposée pour avoir deux approches. Ensuite, il prend le temps d’aller encore plus loin : qu’est-ce qui est le plus crédible et pourquoi. Quand Quaresma s’exprime, il tricote et détricote au rythme de ses pensées. Si on adhère à cette forme de « parole », c’est purement jubilatoire car on a vraiment le sentiment d’être au cœur de son esprit. D’ailleurs, il doit avoir plus de plaisir à parler seul qu’à discuter et échanger avec les autres.

Les cheminements qu’ils empruntent pour arriver à la solution sont passionnants, tortueux, fins, bien amenés et très plaisants à lire. Sauter une page, ou plusieurs, parce qu’on sent des longueurs ou des répétitions, c’est perdre « l’essence » même de l’écriture que Fernando Pessoa a choisi pour ces histoires.

Dans sa préface, il présente Quaresma comme un vieil ami, lui donnant une place dans sa vie. C’est sans doute un moyen pour lui de se l’approprier et de le rendre vivant à nos yeux, ce qu’il réussit parfaitement. La postface de la traductrice complète bien ce qu'on a lu.

J’ai été agréablement surprise par cette lecture. Elle a un petit quelque chose de décalé, de suranné, de surprenant, d’innovant et mérite le détour.


"Le dossier 1569" de Jørn Lier Horst (Sak 1569)

 

Le dossier 1569 (Sak 1569)
Auteur : Jørn Lier Horst
Traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier
Éditions : Gallimard (6 Février 2025)
ISBN : 978-2072866050
450 pages

Quatrième de couverture

William Wisting, en vacances et las de tondre la pelouse, suit assidûment dans la presse le fait divers du moment : on est sans nouvelles, depuis maintenant trois jours, d'Agnete Roll, une habitante de Larvik. La découverte dans son courrier d'une enveloppe anonyme le sort de sa torpeur estivale. Sur une feuille blanche, une série de chiffres, référence d'un numéro d'affaire datant de l'été 1999. Intrigué, Wisting récupère le dossier 1569 aux archives pour en entreprendre l'examen méthodique. Et entrevoit la possibilité d'une erreur judiciaire.

Mon avis

William Wisting est veuf, policier, père d’une fille qui n’habite pas loin de chez lui et grand-père d’Amalie. Il est actuellement en vacances et s’ennuie un peu. Lorsqu’il découvre une lettre anonyme dans sa boîte aux lettres, il se dit que c’est l’occasion de faire quelque chose. Surtout que ce courrier fait référence à une affaire datant de 1999 où un coupable a été condamné. Alors pourquoi cette missive ? Doit-il revoir les conclusions de l’époque ? Y-a-t-eu maldonne ? Titillé, il décide de chercher sans trop en parler dans un premier temps. En parallèle, ses collègues enquêtent sur une histoire d’épouse disparue.

C’est un polar où le mot investigation prend tout son sens. Le rythme est plutôt lent car on suit William qui ressort de vieux documents, observe, déduit … Pas de sang, pas de gros rebondissements, pas de violence … Des faits décortiqués sous plusieurs angles qui envoient le lecteur sur différentes pistes pour la plupart crédibles…. Alors où se situe la vérité ?

Des retours en arrière apportent d’autres éléments et on s’interroge…. C’est très bien fait ! L’enquêteur est tout à fait banal (ça change !), il ne traîne pas de « casseroles », ne boit pas trop, bref il est « clean » et plutôt efficace même s’il n’est pas tout le temps très rapide (après tout il est en vacances !).

L’écriture est fluide, plaisante, la traductrice (merci à elle) a bien choisi le vocabulaire, ça se lit avec envie. On veut comprendre, relier tous ce qu’on a appris et connaître la vérité. Ce n’est pas le meilleur titre de l’auteur mais ça se lit bien !


"Jérôme K. Jérôme Bloche - Tome 18 : Un petit coin de paradis" d'Alain Dodier

 

Jérôme K. Jérôme Bloche - Tome 18 : Un petit coin de paradis
Auteur : Alain Dodier
Couleurs : Cerise
Éditions : Dupuis (15 Janvier 2018)
ISBN : 979-1034731657
56 pages

Quatrième de couverture

Accompagnée de Jérôme, Babette se rend auprès de son amie Ingrid qui vient d'avoir un bébé. Avec Félix, son compagnon, et la vieille mère de celui-ci, Ingrid habite une charmante ferme, au pied des montagnes dans un paysage bucolique et enchanteur. Ce serait un véritable petit coin de paradis si la vieille femme sans sourire n'avait toujours refusé une autre présence féminine que la sienne auprès de son fils.

Mon avis

Dans cette histoire, Babette, la fiancée de Jérôme est avec lui. Ils rendent visite à Ingrid, une amie hôtesse de l’air qui a laissé son travail pour s’installer avec celui qu’elle aime à la campagne. Le seul inconvénient est la mère du conjoint, une vieille femme acariâtre qui voudrait garder son fils pour elle toute seule.

Ingrid et son conjoint viennent d’avoir un enfant. La belle-mère, omniprésente les étouffe. Un événement met à mal l’équilibre déjà un peu fragile du couple. La tension monte au fil des pages. Le scénario évoque plusieurs thèmes, tournant autour de la maternité, de la famille, du couple.

Les dessins sont très parlants, c’est une des rares fois où Jérôme n’apparaît pas avec son solex (mais on voit la deux-chevaux de sa fiancée !) J’aime beaucoup les couleurs, l’humour qui dédramatise les situations, les idées farfelues (mais pas tant que ça) du détective.

Dans cette nouvelle aventure, il ne mène pas vraiment l’enquête ou à peine. C’est plutôt une tranche de vie que l’on découvre.

Je suis toujours aussi fan même si je préfère voir Jérôme dans le cadre d’investigations sur le terrain pour résoudre une affaire délicate !


"Le joaillier d'Ispahan" de Danielle Digne

 

Le joaillier d'Ispahan
Auteur : Danielle Digne
Éditions : le Passage (6 Octobre 2011)
ISBN : 978-2-84742-174-3
262 pages

Quatrième de couverture

Nous sommes en 1665. Jean Chardin, un jeune joaillier protestant, plein de fougue et d’ambition, se rend aux mines de Golconde, dans le sud des Indes, pour acheter des diamants. Il va connaître les périls de la navigation, le pittoresque des déplacements en caravane, les nuits dans les caravansérails, les mésaventures dans les pays du Caucase. Surtout il découvre la Perse à la grande époque des Safévides. Lorsque shah Abbas II en fait son joaillier à Ispahan, il acquiert la fortune et les honneurs qu’il convoitait. Sa compagnie est recherchée à la cour, où il rencontre la plus belle des courtisanes. Sa relation avec un sage persan l’amène à rechercher une autre voie que celle des richesses pour trouver son accomplissement. Il n’y parviendra que s’il surmonte jalousies et intrigues que ses succès suscitent.

Biographie de l'auteur

Danielle Digne, passionnée de voyages et d’histoire, est romancière et biographe. Intriguée parles pérégrinations authentiques de Jean Chardin, elle s’est rendue en Iran sur ses traces. Dans ce roman historique, nourri de documents de l’époque, elle s’attache au jeune homme, qui, loin du temple de Charenton et de sa famille, fit sienne une culture tournée vers les plaisirs de l’esprit et du corps. La Perse le révéla à lui-même, lui qui révéla la Perse à l’Europe à la fin du Grand Siècle, et dont Montesquieu s’inspira plus tard pour écrire les Lettres persanes.

Mon avis

Illustré de quelques reproductions de dessins de l’époque de Guillaume-Joseph Grelot, ce livre nous conte le voyage d’un jeune homme, Jean Chardin, parti en 1665, pour le négoce de diamants car l’entreprise familiale périclite. Rentré à Paris, il va s’ennuyer, se souvenant de sa vie à Ispahan et il repartira ….

« Ce n’était pas la possession qui l’intéressait, mais la quête. »

Au bout de la route, aguerri par ses voyages et ses rencontres, ce ne sont pas des pierres précieuses qu’il trouvera mais une vraie personnalité: lui-même.
En effet, tout au long du chemin, à travers les conversations avec les uns et les autres, les découvertes de différentes personnes, et les expériences, il va apprendre à se connaître, se découvrir, se dépasser.

« Les enfants sont comme des diamants bruts, me dit-il un jour alors que nous buvions du chocolat auquel Mme de Sévigné prêtait de grands bienfaits. Ils n'ont pas encore donné tout leur éclat. À force d'égrisage et de polissage, ils peuvent se transformer en joyau de la plus belle eau. »Il m'encourageait ainsi à me surpasser et à briller dans le plus prestigieux des métiers.

Exhorté à donner le meilleur de lui-même, à se surpasser, à voir au-delà de la première apparence, il apprendra beaucoup sur lui-même, sur les autres et sur la vie…..

Une écriture subtile, raffinée et fine pour évoquer des faits, des événements et un cheminement personnel de façon approfondie.

Une lecture qui sort de l’ordinaire, très bien documentée et qui nous renvoie en pleine face quelques questions qu’on aurait tendance à oublier….

"Impératrice des airs" de Pete Fromm (Empress of the Air)

 

Impératrice des airs (Empress of the Air)
Auteur : Pete Fromm
Traduit de l'américain par Juliane Nivelt
Éditions : Gallmeister (2 Mai 2025)
ISBN : 978-2-351-78336-8
432 pages

Quatrième de couverture

Midge et Flea sont comme deux sœurs. Elles ont grandi dans le Montana, élevées par leurs pères, Taz et Rudy, deux amis. La mère de Midge est morte en couches. Celle de Flea est partie peu après sa naissance. Alors que ses études éloignent Midge du cocon familial, Flea ressent de plus en plus vivement l’absence de sa mère, dont son père refuse de lui parler sérieusement. Tourmentée par la question de ses origines, elle retrouve sa trace non loin de là, au Canada. Flea décide de partir à la rencontre de cette femme.

Mon avis

J’ai une tendresse toute particulière pour Pete Fromm et ses personnages. J’aime la façon dont il présente des vies ordinaires, en donnant de la place aux émotions, à la nature sans cesse omniprésente et à des parcours de vie qu’on accompagne sur quelque temps. Avec son dernier opus, on retrouve des individus croisés dans « La vie en chantier » et « Lucy in the Sky ». Je pense qu’il est préférable d’avoir lu au moins le premier avant de se lancer avec ce nouveau titre.

Midge et Flea sont de grandes adolescentes, la mère de la première est morte en couches et celle de la seconde est partie peu après sa naissance. Les deux papas sont amis et les deux jeunes filles ont pratiquement été élevées comme des soeurs. Elles ont toujours beaucoup partagé mais l’âge adulte se rapproche et chacune cherche sa voie. Flea s’interroge toujours sur cette maman qui l’a abandonnée, laissant son papa l’élever tout seul. Elle veut comprendre les raisons de cette fuite, connaître celle qu’elle était, qu’elle est sans doute encore même si elle a forcément évolué. Les questions posées à Rudy, son paternel, sont toujours restées sans réponse. Pourquoi ? Il ne sait pas, ne veut pas dire ? Cherche-t-il à la protéger ? Mais de quoi ? Ils sont pourtant très proches l’un de l’autre, complices. La relation qu’ils ont tissée est exceptionnelle, Flea est tout pour lui et réciproquement. Ils ont des « codes » qui n’appartiennent qu’à eux et qui renforcent encore le lien.

Mais il faut grandir, s’émanciper. Alors Flea a demandé à une agence spécialisée dans la recherche de personnes disparues de retrouver la trace de celle qui l’a mise au monde. Quand elle obtient un résultat, elle est tiraillée. Franchir le pas d’une rencontre ou pas ? Va-telle combler le vide, le manque, avoir des réponses (qui peut-être lui feront mal) ou être déçue et ne rien comprendre ? Peut-elle continuer comme si de rien n’était ? Est-ce qu’il faut prendre le risque de déstabiliser ce qu’elle vit voire de faire de la peine à Rudy qui a tout fait pour elle ?

« Et probablement comme Papa à l’époque, je me sens secouée par ma propre collision tectonique, le fendillement de la roche, la terre qui tremble le long de mes lignes de faille. »

Si ce roman ne sera pas mon préféré de l’auteur, quel bonheur de retrouver son écriture et son style. Il est vraiment excellent pour décrire du vécu, des sentiments qu’on éprouve, des doutes qu’on a face aux décisions à prendre, le tout baigné dans des paysages et des décors sublimes (ah la cabane ;- )

Ce très beau récit évoque ce qu’on donne, ce qu’on reçoit, les peurs et les blessures qui poursuivent toute la vie, le pardon, la résilience, le chemin que chacun emprunte et du pourquoi celui-là plutôt qu’un autre, du besoin de racines, de la recherche de ses origines. Mais Pete Fromm n’oublie pas de parler également d’écologie, de mode de vie sain, de tout ce qui construit un être humain équilibré. Même s’il n’y a pas énormément d’actions, il y a une atmosphère très douce.

On pourrait croire que le « rôle principal » est celui de Flea, mais c’est plus nuancé. On suit sa quête, et en partant à la recherche de sa génitrice, c’est aussi elle-même qu’elle rencontre. Mais la thématique la plus importante est, à mon sens, l’amour. Car tous, je dis bien tous, agissent par amour. On aurait peut-être fait différemment mais eux ont pris des décisions par amour. Et si Fléa est une belle personne, c’est qu’elle a baigné dans l’amour, quel que soit sa forme.

Merci à la traductrice qui a su être subtile pour exprimer les jeux de mots entre le père et la fille. Elle a bien retranscrit le phrasé, teinté de poésie, délicat et porteur de sens.

Une lecture comme je les aime !


"28 E jour avant" d'Alain Breckler

 

28e jour avant
Auteur : Alain Breckler
Éditions : MVO (6 Mai 2025)
ISBN : 978-2386950094
290 pages

Quatrième de couverture

Alors qu'une épidémie nouvelle de SARS Cov se manifeste en 2032, les porteurs-sains sont confinés dans les sous-sols de la zone 51, afin d’y rechercher les secrets de leur résistance. Après une fuite et un road-trip, du désert du Nevada à Las Vegas, Lana sera finalement capturée et subira le même sort, à moins que Jim, un jeune astrophysicien, n’imagine un plan insensé mais porteur d’espoir.

Mon avis

2032. Il est de retour ! Et tout le monde a peur.

Mais de quoi on parle ? D’un virus mortel qui menace l’humanité. Alors il faut trouver des solutions. Tester sans arrêt tout le monde, séparer, isoler. C’est comme ça que certains sont détectés « porteurs-sains ». Ils ne sont pas malades, pensent que tout va bien mais ils peuvent contaminer les autres et c’est encore pire puisque personne ne le voit venir !

Il est donc nécessaire de trouver des idées. Les personnes ainsi repérées seront regroupées et des expériences seront menées sur elles afin de comprendre leur résistance au virus. C’est comme ça que la zone 51 est créée. Les conditions de vie sont difficiles, pas de sorties, pas d’interactions avec l’extérieur ni avec les familles, une nourriture insipide, peu voire pas d’intimité… Et ça jusqu’à quand ? Peut-on traiter des hommes et des femmes ainsi, en leur enlevant leur liberté et en les utilisant comme cobayes ?

Lana n’accepte pas cette situation, elle veut décamper mais peut-elle y arriver ? Elle s’est liée avec deux autres personnes qu’elle veut entraîner dans sa fuite. Tout est terriblement sécurisé, comment espérer une « ouverture » ? Elle est volontaire, elle veut y arriver. On comprend sa révolte, ce qu’on lui impose est tout simplement invivable ! Je me suis attachée à elle. Elle est courageuse, se bat, ne renonce jamais.

On va suivre le long combat de Lana et, en parallèle, on découvre Jim, un jeune astrophysicien qui cherche ce qui peut être envisagé pour l’avenir des habitants de la zone 51. Ont-ils seulement la possibilité d’un futur ?

J’ai commencé ce roman et je ne l’ai plus lâché ! Prenant, bien rédigé, avec son lot de rebondissements, ce récit est intéressant pour son raisonnement. L’écriture est vive, les descriptions sont ciblées, c’est très visuel et ça ferait un bon téléfilm.

Au-delà de l’histoire très accrocheuse, l’auteur pousse au maximum l’idée de faire quelque chose pour éviter que les porteurs sains soient dangereux pour les autres. Ce qui est terrible, c’est qu’ils ne peuvent plus choisir, seulement subir… On a tous intérêt à être vigilant car on ne sait jamais…brrrr….

J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre. Je me suis imprégnée du contexte, j’avais des frissons, je me révoltais, les émotions se succédaient lorsque j’espérais un mieux.

Une lecture immersive très réussie !

"Je sais que tu mens" d'Erika Navilles

 

Je sais que tu mens
Auteur : Erika Navilles
Éditions : Alter Real (13 Juin 2025)
ISBN : 978-2385753900
240 pages

Quatrième de couverture

Ville de Vancouver. Deux adolescents ont disparu. Parmi eux, le fils de Claire. Détail troublant, il n’a pas emporté son téléphone. La police pense qu’il s’agit d’une fugue, mais Claire, qui l’a élevé seule, n’arrive pas à y croire. Elle le connaît par cœur, il n’aurait jamais fait ça. Pourtant, elle sait qu’on a tous des secrets. Elle la première. Et si son passé était en train de ressurgir ? Et si ses mensonges étaient à l’origine de la disparition de son fils ?

Mon avis

Claire vit seule avec son fils, Lucas, à Vancouver. Elle travaille dans un établissement scolaire comme assistante maternelle et a peu de liens avec les autres, à part avec une amie. Lucas est comme elle, assez solitaire, en retrait. La faute, sans doute, a un passé assez lourd que nous découvrons dans d’autres temporalités, alternant avec le présent.

Ce jour-là, Claire apprend que la fille d’une célébrité a disparu. Elle connaît cette adolescente, qui semble être la seule avec qui Lucas discute et échange. D’ailleurs, lorsqu’elle rentrera, elle le questionnera, il sait peut-être où et pourquoi cette jeune fille est partie. Sauf qu’une fois chez elle, elle découvre qu’il n’est pas là, qu’il a abandonné son téléphone et n’a laissé aucun mot. Cela ne lui ressemble en rien, qu’a-t-il pu se passer ?

À partir de là, Claire n’a qu’un but : retrouver son enfant, la seule personne au monde qui compte vraiment pour elle. Mais pour y arriver, il faut probablement, marcher dans ses traces pour comprendre ce qui l’a poussé à agir ainsi. Est-il seul ou accompagné ? Que cherche-t-il et pourquoi ? Comme toutes les mères, Claire est prête à tout pour que la vie reprenne son cours mais a-t-elle tout envisagé ? Pense-t-elle à ce que risque de découvrir Lucas ? Des événements qu’elle lui a volontairement tus et qui peuvent le déstabiliser profondément alors qu’il est un peu fragile ?

Avec une écriture très addictive, l’auteur nous entraîne dans son histoire. Les retours en arrière distillent des informations qui aident à cerner ce qu’a été la vie de chacun avant ce quotidien d’angoisse pour cette maman. Cette construction, où plusieurs périodes de la vie de Claire sont évoquées, est très bien pensée et parfaitement mise en place. On prend connaissance des non-dits, des mensonges, du vécu de chacun … Les éléments se mettent en place, comme un gigantesque puzzle qui fait froid dans le dos, qui questionne, qui interpelle.

Rien n’est simple, certains individus ont deux facettes et on se demande qui croire. L’atmosphère est anxiogène d’autant plus que quelques faits bizarres se produisent.

C’est le deuxième livre que je lis d’Erika Navilles et je suis conquise. Elle n’est pas restée dans le même registre, elle a su se renouveler, ce qui n’est pas forcément facile. Elle aborde de nombreuses thématiques, la manipulation, la confiance dans le couple et en amitié, la place qu’on donne à ses origines, ce qu’on croit, ce qu’on réfute…

Elle sait adapter son style à ce qu’elle présente. On vit l’anxiété de Claire, ses tourments face à son impuissance.  On fait corps avec elle tant on est pris dans le récit. J’ai eu peur que certains protagonistes soient très manichéens et bien pas du tout ! Ils sont terriblement humains, sensibles et parfois ils font des erreurs par maladresse, parce qu’ils ne savent pas aimer, exprimer ce qu’ils ressentent ou tout simplement parce qu’ils n’ont pas les bons « codes ».

Un roman très abouti et un vrai plaisir de lecture !


"La femme de ménage" de Freida Mc Fadden (The Housemaid)

La femme de ménage (The Housemaid)
Auteur : Freida McFadden
Traduit de l’américain par Karine Forestier
Éditions : ‎City Edition (4 janvier 2023)
ISBN : 978-2824621456
304 pages

Quatrième de couverture

Chaque jour, Millie fait le ménage dans la belle maison des Winchester, une riche famille new-yorkaise. Elle récupère aussi leur fille à l'école et prépare les repas avant d'aller se coucher dans sa chambre, au grenier. Pour la jeune femme, ce nouveau travail est une chance inespérée. L'occasion de repartir de zéro. Mais, sous des dehors respectables, sa patronne se montre de plus en plus instable et toxique. Heureusement, le gentil et séduisant monsieur Winchester est là pour rendre la situation supportable.

Mon avis

Je n’avais pas prévu de succomber à cette lecture, car je trouvais qu’il y avait trop de publicité pour ce titre. Mais je l’ai vue sur la table d’une chambre d’hôte et je me suis dit « pourquoi pas ».

Millie n’a pas eu une vie facile mais elle vient de décrocher un travail (en trichant un peu sur ses références et son ancienneté). La voilà donc embauchée pour l’entretien d’une demeure et l’accompagnement de la petite fille de la maison.

Dans un premier temps, tout semble assez simple mais ça ne dure pas. La propriétaire se contredit, n’est pas claire, la gosse est insupportable. Le mari est plus calme et essaie d’excuser son épouse, de soutenir discrètement Millie. Tout cela la met mal à l’aise mais elle reste fidèle au poste et s’accroche.

Elle comprend vite que quelque chose ne tourne pas rond mais quoi ? Qui ment ? Un des deux conjoints ? Les deux ? Les copines de Madame ? Elle ? Après tout, le lecteur n’a que sa version. Va-t-elle rester ? Démissionner ? Ou retourner la situation à son avantage ?

Ce récit est très prenant, peu importe que quelques éléments soient improbables, l’essentiel c’est d’avoir envie de tourner les pages, de savoir, et de ne pas voir le temps passer.

Millie a plus d’un tour dans son sac et j’ai apprécié de constater comment l’auteur fait évoluer ce qu’elle nous dévoile de sa personnalité. Juste assez retors pour qu’on se dise « ah oui, quand même ! ».

L’écriture est fluide, très abordable, addictive. Tous les ingrédients sont réunis pour un excellent thriller psychologique. Suspense, rebondissements, personnages troubles, situations équivoques….

C’est une lecture qui permet de passer un bon moment. Je ne lirai pas tous les titres à la suite (j’aurais peur de me lasser) mais j’y reviendrai !

"En secondes noces" de Shari Lapena (The End of Her)

 

En secondes noces (The End of Her)
Auteur : Shari Lapena
Traduit de l’anglais (Canada) par Romane Lafore
Éditions : Les Presses de la Cité (12 Janvier 2023)
ISBN : 978-2258201781
354 pages

Quatrième de couverture

Sur le papier, Stephanie est comblée : elle a un mari attentionné, une jolie maison dans un quartier huppé, d'adorables jumelles âgées de quelques mois. Certes, elle manque de sommeil et son moral s'en ressent. Mais bientôt les bébés feront leurs nuits, et tout ira mieux. C'était sans compter l'irruption de la blonde et vénéneuse Erica Voss. Alors que Patrick a toujours prétendu que sa première épouse était morte dans un accident de voiture, Erica présente une version des faits bien plus sordide. Une version qu'elle menace de rapporter à la police si on ne lui verse pas une grosse somme.

Mon avis

Patrick et Stephanie ont tout pour être heureux. Il a un excellent boulot, il aime sa femme et c’est réciproque. Ils ont des jumelles. Les nuits sont difficiles, les journées aussi car elles ont des coliques mais ils essaient de se soutenir et de se relayer. C’est plus compliqué pour elle car elle reste à la maison et elle a peu d’échappatoire. Il lui arrive d’aller au parc mais il faut surveiller les filles. Parfois, elle boit le thé chez sa voisine et discuter avec elle lui fait du bien.

Lui, il est associé avec un ami et leur affaire fonctionne, ils ont des clients. Tout pourrait rouler. Et puis, un jour, il se retrouve face à Erika, la meilleure amie de sa première femme décédée il y a plusieurs années. Elle remet en cause les raisons de la mort de son ancienne compagne et le menace de chantage. Il ne sait plus quelle attitude adopter et que dire à sa conjointe actuelle. Il a peur de la perdre, il s’angoisse pour les rumeurs. Et si la police se mêlait de tout ça ? Quant à Stephanie, elle s’interroge. Doit-elle encore lui faire confiance ? Lui a-t-il caché certains éléments ? Leur couple vacille, la sérénité n’est plus là.

Porté par une écriture accrocheuse (merci à la traductrice), ce récit est très plaisant. Les chapitres courts donnent du rythme au texte.  C’est un bon thriller domestique avec de la tension, des rebondissements et son lot de menteurs. Les personnages sont, peut-être, un peu caricaturaux mais c’est agréable à lire. On s’interroge sans cesse en se demandant où est la vérité, qui manipule qui et pourquoi. Bien sûr, on a rapidement envie de gifler Erika qui vient semer le doute dans les esprits et déstabiliser le quotidien de ce couple sans histoire. Et puis, on s’aperçoit qu’elle n’est pas la seule à ne pas être « nette ». D’autres ont un double-jeu.

J’ai apprécié de découvrir cette histoire qui m’a permis de passer un bon moment.


"Soilhas Ribeiro" de Joseph Ingrassia

Soilhas Ribeiro
Auteur : Joseph Ingrassia
Éditions : Dolomites éditions (29 février 2016)
ISBN : 979-1092073065
292 pages

Quatrième de couverture

Après l'avoir dévoré, lorsque vous refermerez, à regret ce roman, votre vie aura définitivement changé. Et pourquoi me direz-vous donc ? Simplement, parce qu'une partie de Soilhas Ribeiro, le limpiabotas, le si modeste cireur de chaussures, sera passée en vous, comme lors d'une transfusion. Lorsqu'en à peine six semaines, comme dans un rêve, il a écrit ce roman magique, Joseph Ingrassia m'a confié à l'oreille qu'il n'avait aucun mérite, puisque Soilhas existait depuis toujours dans son coeur et, qu'il n'avait rien fait d'autre que de lui donner vie, juste en le couchant sur des pages blanches

Mon avis

Limpiabotas

Il souffre de phocomélie, Soilhas et il habite Bogota. Il a une vie simple, il fait tout pour que ceux qui le croisent ne soient pas effrayés par son handicap. Lui, sa différence fait partie de son quotidien et il s’en accommode. Ce qu’il fait ? Il cire des chaussures, avec application, presque de l’amour car il apprécie le travail bien fait. Il confie le peu d’argent qu’il gagne à un prêtre et parfois il rêve… Lorsque son pécule sera assez important, il essaiera d’avoir pignon sur rue. Un petit commerce rien qu’à lui, où il sera heureux… Mais ça, c’est ce qu’il espère sans trop y croire….

Plusieurs événements vont bouleverser le jeune homme et sa destinée va prendre un autre chemin que celui auquel il avait pensé…. Lui qui a tout donné pour son labeur, va se retrouver à tout donner pour les autres. Son altruisme, sa bonté, son sens de la fraternité vont lui ouvrir d’autres horizons…. Tous ceux qu’il va ainsi croiser changeront profondément. Le contact avec Soilhas leur permettra de recentrer leurs choix, leurs priorités mais à quel prix ?

C’est un roman où les blessés de la vie sont nombreux mais l’auteur ne sombre pas dans le misérabilisme. C’est un livre de rencontres, d’espérance en l’homme. L’écriture est belle, sobre et lumineuse, elle renvoie chaque lecteur a sa propre histoire, à ses choix de vie….

Lire Soilhas Ribeiro, c’est apercevoir un rayon de soleil un jour de pluie et sourire, c’est mettre du baume sur une plaie et sentir que ça va mieux, c’est se laisser toucher au cœur par un petit bout d’homme qui aimait les autres plus que lui-même…..

 

"Fiby, mon étoile, l’amour au-delà du temps" de Céline Lafitte

 

Fiby, mon étoile, l’amour au-delà du temps
Auteur : Céline Lafitte
Éditions : Chérubins Éditions (16 Mai 2025)
ISBN : 978-2487628137
254 pages

Quatrième de couverture

Fiby n’était pas juste une chienne, elle était une âme sœur à quatre pattes, un éclat de bonheur dans chaque instant du quotidien.

Mon avis

Tous les bénéfices de la vente de ce livre sont reversés pour le financement des travaux du docteur Hédan (CNRS de Rennes), travaux sur les biomarqueurs génétiques du cancer chez le chien afin d'améliorer les diagnostiques et les traitements.  Mais aussi l'association "Dans les yeux d'Hulk", partenaire de l'école VetAgroSup à Lyon qui forme les oncologues.

Céline Lafitte a vécu une relation exceptionnelle avec sa chienne Fiby et elle a tenu à lui rendre hommage en écrivant ce témoignage.

En la lisant, on la comprend, Fiby était au-delà de l’animal de compagnie. Une vraie présence, qui soutient, qui aide. Elle percevait les douleurs, la tristesse de ceux qui l’aimaient et qu’elle aimait. C’est l’histoire de cet amour, de ces échanges, de cette vie que nous transmet l’auteur.

Leur première rencontre date de 2010 et c’est fin 2024 qu’elles se sont dit aurevoir. Écrire a permis à toute la famille de garder une trace durable de tout ce qui a été vécu avec Fiby. Les merveilleux moments, les espiègleries, les tracas lorsque la maladie est arrivée. Parfois, sa maîtresse s’interroge : est-ce qu’elle a fait tout ce qu’il fallait pour l’aider, pour la soigner, pour l’accompagner ? La culpabilité ne doit pas la ronger, elle a fait le maximum et certainement plus qu’une personne lambda.

Ce récit est illustré de nombreuses photos pour qu’on découvre ce petit teckel tant apprécié.

L’écriture est fluide, agréable. On ressent bien la connexion qui existait entre ce petit chien et ceux qu’on peut nommer « sa famille ». Les anecdotes, les scènes du quotidien sont décrites de façon très vivante, très visuelle. On imagine les regards, les caresses, la complicité établie avec cette « boule » de poils.

C’est une lecture plaisante et je pense que cet être unique méritait bien un livre !


"Erreur critique" d'Aloysius Wilde

 

Erreur critique
Elle croyait avoir une seconde chance
Auteur : Aloysius Wilde
Éditions : Chaka éditions (30 Juin 2025)
ISBN : B0F54PYG3R
342 pages

Quatrième de couverture

Tess survit.
Chaque nuit, elle s’endort dans une voiture gelée, son fils de six ans blotti contre elle.
Pourtant elle a connu les sommets : prodige de l’informatique, surdouée promise à un avenir fulgurant. Mais un passage par la case prison a tout brisé. Lighthouse for Women, une association qui vient en aide aux femmes en détresse, lui tend la main. Puis vient l’inattendu : un entretien chez Sentinel Cyber Solutions. Contre toute attente, elle est embauchée. Mais la lumière ne dure pas. Un matin, le SWAT défonce sa porte. Tess est arrêtée.

Mon avis

Bien ficelé, bien construit, bien écrit, j’ai énormément apprécié cette lecture !

Tess est veuve, elle n’a plus de travail et suite à une peine de prison, elle vivote. Un petit boulot de serveuse ne suffit pas pour avoir un logement décent. Elle vit dans sa voiture avec son fils. Il va à l’école, et elle fait tout pour que leur vie quotidienne ressemble à quelque chose malgré les conditions difficiles. Ils sont courageux tous les deux. Face à l’avenir, elle espère toujours s’en sortir même si les petites annonces dans son domaine (elle est experte en informatique) ne donnent rien.

Un jour, une lueur, petite mais réelle. Elle est abordée par la responsable de l’association Lighthouse for Women, dont le but est de venir en aide aux femmes comme elle. Un appartement pour quelque temps, un petit coup de pouce pour reprendre pied. Elle peut enfin souffler. Elle trouve même un boulot à sa mesure et des papillons dans le ventre avec le voisin ….

Quand c’est trop beau, ça cache souvent un vice mais elle ne se méfie pas, toute à sa joie de respirer librement enfin et de se savoir, avec son fiston, à l’abri.

Et puis, tout s’écroule d’un coup. Impossible pour elle de se défendre car tout tend à prouver qu’elle a triché et mené une escroquerie d’une gigantesque ampleur. Que faire ? Sur qui s’appuyer ? Elle n’a personne de rassurant dans son entourage. Et une débutante comme avocat commis d’office…. Va-t-elle sombrer ou essayer de se battre ?

C’est avec une écriture tonique, vive, agréable qu’Aloysius Wilde nous emmène dans cette nouvelle histoire. Tess est d’emblée attachante et on a le souhait que tout aille mieux pour elle. Les rebondissements bien placés et bien pensés apportent un excellent rythme. Une fois encore, l’auteur est très documenté sur ce qu’il évoque et comme il n’en rajoute pas, ça reste plaisant à lire.

Certaines personnes ont un esprit pervers. Parfaitement manipulatrices, elles arrivent à leurs fins comme certains personnages de ce récit. Cela m’a mis en colère !

Beaucoup d’émotions se sont bousculées en lisant ce roman. On découvre l’envers du décor pour certains faits et c’est glaçant. Le propos est intéressant, car pas si loin que ça de vilaines réalités.

Un nouveau titre particulièrement réussi !


"Le lagon" de Catherine Cooper (The island)

Le lagon (The Island)
Auteur : Catherine Cooper
Traduit de l’anglais par Penny Lewis
Éditions : L’Archipel (26 Juin 2025)
ISBN : 978-2809851922
320 pages

Quatrième de couverture

Quelques journalistes et influenceurs triés sur le volet sont invités aux Maldives dans l'hôtel de luxe que dirigent Henry et Ophelia. Au programme des réjouissances : plongée sous-marine, sorties en quad, dîners gastronomiques, baignade avec les tortues...Mais un premier corps est retrouvé…

Mon avis

Malia n’en revient pas, elle a été choisie pour un séjour dans un hôtel de luxe aux Maldives. Elle, la petite influenceuse au nombre restreint de followers (elle ne peut pas encore vivre de ses publications). Elle a d’ailleurs un métier de bibliothécaire pour compléter. Mais elle se décide, elle profitera de l’aubaine et tant pis si les autres invités (ils seront cinq au total) sont habitués au grand standing. Elle fera tout pour s’intégrer et profiter au maximum des quelques jours offerts dans ce magnifique complexe hôtelier où tout, absolument tout, a été pensé pour le plaisir des résidents.

La preuve ? Chaque « profil » a été étudié pour avoir un petit déjeuner parfait, des accessoires (combinaison de plongée etc) sur mesure, etc. Le personnel est aux petits soins et devance même les désirs ! Comme les autres, elle fera des photos, voire des vidéos, et les publiera pour promouvoir ce lieu paradisiaque, dirigé par Henry et Ophelia, des jumeaux.

Paradisiaque ? Vraiment ? C’est ce qu’on imagine, ce qu’on cerne avec le témoignage de la jeune femme. Mais un premier mini incident plombe un peu l’ambiance. Chacun essaie de passer outre et de continuer dans la bonne humeur les nombreuses activités proposées. Mais voilà qu’il n’y a plus internet. Les créateurs de contenus sont au chômage… et l’ambiance s’en ressent. Ils tournent en rond, s’ennuient….

Tout à coup, un corps est retrouvé et la tempête gronde. Crime ou accident ? Impossible de faire intervenir les secours. Plus personne ne sait comment gérer la situation, comment agir pour que la sérénité revienne.

Ce thriller psychologique est habilement construit. Les points de vue de plusieurs protagonistes sont exprimés en disant « je », ce qui rend le texte très vivant. Des chapitres avec des incursions dans le passé (en 1990) apportent des éléments qui finissent par s’emboîter petit à petit. C’est vraiment très bien pensé. Je trouve que l’auteur se bonifie au fil des romans, son intrigue est plus travaillée, son écriture (merci à la traductrice) plus affirmée.

L’hôtel Ketenangan est particulièrement décrit, on s’y croirait ! Il y a quelques anecdotes croustillantes, notamment sur la cuisine et les mets, qui se démarquent et étoffent le texte. La double chronologie est très intéressante. Elle permet de voir comment ont évolué certains individus, leur jeunesse, leurs motivations, l’influence de leur famille respective. On peut essayer de comprendre les liens entre les deux époques mais ce n’est pas évident. L’auteur a fait très fort !

J’ai apprécié les chapitres courts passant de l’un à l’autre, ils maintiennent un bon rythme et offrent de riches rebondissements. On ne s’ennuie pas une seconde ! J’ai découvert le monde des « instagrameurs » et compagnie (même si j’avais ma petite idée) : choisir la meilleure photo, la mettre en scène, réfléchir au commentaire pour essayer de toucher le public… Est-ce qu’ils arrivent, malgré tout, à profiter de l’instant présent ou les réseaux sociaux leur « mangent » tout leur temps ?

Le style est fluide, on va à l’essentiel, il y a parfois une pointe de dérision ou d’humour. Certains personnages sont détestables, je les aurais volontiers giflés ! C’est signe que j’étais à fond dans ma lecture, comme s’ils existaient vraiment !

À recommander à tous ceux qui aiment être surpris et lire sans se perdre ni se prendre la tête !

 

"Aux amitiés fabuleuses" de Léa Volène

 

Aux amitiés fabuleuses
Auteur : Léa Volène
Éditions : Archipoche (12 Juin 2025)
ISBN : 979-1039205665
398 pages

Quatrième de couverture

Valentine et Élisa sont liées depuis leur naissance. Elles ont tout partagé et se sont construites ensemble jusqu'au point de rupture. Alors quand Élisa décide de débarquer dans la vie de Valentine des années plus tard, cette dernière n'a pas l'intention de lui faire de la place. Valentine réussira-t-elle à affronter les erreurs du passé et à pardonner ?

Mon avis

Valentine et Élisa sont des jumelles de cœur. Elles sont nées à la même date, le 15 mai 1984. C’est comme si leurs destins étaient liés. Elles sont devenues les meilleures amies du monde, pour la vie, comme on dit.

Pour la vie ? Pas vraiment… Qu’est-ce qui peut pousser deux personnes complices comme elles à ne plus se parler, à s’ignorer ? Bien sûr, le quotidien se charge de distendre les liens, l’éloignement géographique aussi. Mais est-ce que ce sont les seules raisons ? L’histoire n’est-elle pas plus complexe, plus surprenante ?

Valentine est maintenant pharmacienne, à Lyon. Élisa est en couple et à une petite fille, elle habite Paris. En mai 2018, elle laisse, avec leur accord, conjoint et enfant, prend le TGV et arrive à Lyon. Elle débarque dans l’officine et n’est pas accueillie avec chaleur, c’est le moins qu’on puisse dire. Que croyait-elle ? Que les années passées allaient s’effacer comme ça d’un coup de baguette magique ? Que leurs échanges, leur connivence seraient intactes ? Seize ans de silence, une broutille ou un gouffre selon les ressentis. Mais certainement pas rien.

Tirer un trait définitif ou s’obstiner ? Élisa n’est pas venue dans l’idée de faire de la figuration, elle sait pourquoi elle est là, pourquoi elle veut renouer ce fil qui s’est cassé. Elle veut retrouver son âme sœur.

Léa Volène, avec beaucoup de discernement, décrit les émotions de chacune des jeunes femmes. L’envie de fuir, les tiraillements, les petits clins d’œil au passé (qui laissent le lecteur espérer à de vraies retrouvailles), les silences, la colère, les non-dits… Parce qu’il faut bien le dire, le lien détruit n’est pas aisé à réparer. Il faut de la patience, de l’écoute, de la stratégie parfois, de la volonté, de la compréhension, tout ce qui est nécessaire pour que les sentiments restent et perdurent dans le temps.

Par d’habiles retours en arrière, sur plusieurs époques, des pans du passé nous sont dévoilés. Et on cerne mieux les personnalités, les milieux de vie de ces deux copines. Le niveau social différent, l’éducation plus ou moins rigide, les cadres de vie, tout ce qui ressort, quelques fois, alors qu’on essaie de faire comme si. L’auteur analyse les faits qui ont creusé le fossé, ceux qui, au présent, risquent de poser problème car chacune a grandi et s’est accomplie sans le regard de l’autre. On les découvre, enfants, on voit leur évolution, on lit même des extraits de journal intime.

L’écriture est fluide, plaisante, le style agréable. Les événements sont suffisamment décortiqués pour qu’on sente pourquoi et comment elles en sont arrivées à ne plus dialoguer. On suit leur quotidien, leurs pensées, tout ce qu’elles voudraient ou pas.

Je me suis attachée à ces femmes, qui veulent se protéger du passé mais qui sont tentées de continuer à écrire leur amitié. J’ai aimé le rythme de ce roman, ce qu’on apprend de l’une et de l’autre au fil des pages pour mieux les connaître. Elles sont belles et courageuses, j’avais envie de leur dire que demain tout irait bien ….

"Toutes ses fautes" d'Andrea Mara (All Her Fault)

 

Toutes ses fautes (All Her Fault)
Auteur : Andrea Mara
Traduit de l’irlandais par Anna Durand
Éditions : Mera (14 Février 2024)
ISBN : 978-2487149014
403 pages

Quatrième de couverture

Marissa Irvine arrive au 14 Tudor Grove, attendant de récupérer son jeune fils Milo, qui joue pour la première fois avec un garçon de sa nouvelle école. Mais la femme qui répond à la porte n'est pas une mère qu'elle reconnaît. Ce n'est pas la nounou. Elle n'a pas Milo. C'est ainsi que commence le pire cauchemar de tous les parents.

Mon avis

Marissa Irvine est une avocate brillante, mariée à Peter. Ils sont parents de Milo. Ce soir, elle va le récupérer chez un copain où il a été invité pour un après-midi jeux. Lorsqu’elle arrive à l’adresse que lui a transmise la maman du dit camarade, elle ne trouve pas son fils et la personne qui lui ouvre est une totale inconnue.

Milo a disparu ! C’est le pire cauchemar de sa vie. Où est son fils, que s’est-il passé ? Tout est envisageable, une mauvaise compréhension avec la nounou, une erreur de localisation… Mais quelques recherches plus tard, il faut se rendre à l’évidence. Personne ne sait, personne ne comprend, aucun indice ….

Commence alors une course contre la montre pour retrouver le petit garçon. L’auteur nous entraîne dans son récit, sans temps mort, avec une écriture fluide et prenante malgré quelques répétitions, peut-être dues à la traduction.

Quelques retours en arrière, notamment sur l’amitié de Marissa et Jenny (la mère chez qui Milo était soi-disant invité) posent des jalons qui éclairent l’intrigue tout en maintenant habilement le suspense. C’est très bien fait. On alterne les points de vue des deux femmes (mais pas seulement), toutes les deux rongées par la culpabilité.

Après cette première partie qui permet de cerner les différents personnages, le texte devient encore plus accrocheur. Il y a une réelle réflexion sur les vies de chacun, les riches à qui tout sourit, ceux qui se battent, ceux qui choisissent l’ombre, ceux qui manipulent ou qui sont manipulés. Le côté social est plutôt bien exploité.

Il y a également tous ces non-dits qui pourrissent la vie, ces choix qu’on fait en pensant préserver quelqu’un ou quelque chose mais sans vraiment réfléchir aux dégâts qui peuvent en résulter.

L’histoire avance à un bon rythme avec son lot d’incertitudes, de rebondissements et des protagonistes au passé intéressant.

J’ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture et je lirai volontiers d’autres titres d’Andrea Mara !

"Le chat du Rocher - Tome 6 : Diamant mortel et marmelade de Sandra Nelson et Alice Quinn

 

Diamant mortel et marmelade
Auteurs : Sandra Nelson & Alice Quinn
Éditions : Bookelis (25 Juin 2025)
ISBN : 979-1042409784
264 pages

Quatrième de couverture

Lorsqu'Aline annonce ses fiançailles avec un richissime diamantaire, Calypso s’attend à une garden party chic, du champagne millésimé et des conversations huilées. Ce qu’elle n’avait pas prévu, c’est la disparition d’un diamant légendaire, offert par le fiancé devant témoins éblouis et estimé à plusieurs millions d’euros. Très vite, l’ambiance glamour vire au cauchemar quand un cadavre est retrouvé dans la maison et qu’Arlette, amie de Calypso, militante anti-pierres précieuses, est arrêtée avant la pièce montée. Pour prouver son innocence, la brocanteuse devra mener une enquête jusqu’à Anvers, dans l’univers opaque des diamantaires, accompagnée de son chat, l’irascible Poker.

Mon avis

Il y a des personnages que l’on a plaisir à retrouver, comme s’ils étaient des familiers, faisant partie de notre environnement. Pourtant, je n’habite pas sur le Rocher, mais je m’y promène par l’intermédiaire des aventures de Calypso, une quinquagénaire attachante. Elle me plaît cette nana. Elle « ose » même si pour l’amour, elle est parfois timide.

« Répudiée » par son compagnon qui a choisi une plus jeune actrice pour la remplacer dans les télénovelas qu’il tourne, elle a quitté le Brésil où vit encore sa fille. Elle est venue s’installer chez sa tante qui tient une brocante. Elle l’aide et furète un peu partout. Comme elle n’a ni sa langue, ni ses yeux, dans sa poche, elle observe avec acuité et s’est retrouvée plusieurs fois à aider Vadim, le commissaire du coin. Des meurtres ont déjà été commis et elle réussi à accéder à des indices et informations qui ont permis de résoudre les affaires. Il faut dire que Zézé Pinta lui donne un coup de main.

Zézé Pinta, c’est cette petite voix qui guide, suggère, titille. C’est le rôle de détective qu’elle avait et les interventions de Zézé lui donne des pistes à explorer, une forme de raisonnement. Elle l’écoute, interfère avec elle, c’est plein d’humour.

Cette fois-ci, c’est un riche mariage qui se prépare mais chacun y va de son commentaire. L’un des deux conjoints ne finaliserait-il pas cette union par intérêt ? Les deux futurs mariés sont-ils vraiment amoureux ? Leurs familles ne semblaient pas en très bon terme alors comment expliquer ce rapprochement ? Le jour de la fête, c’est avec un énorme diamant que Madame s’affiche. N’est-ce pas un peu trop ? C’est le genre de choses qui suscitent les convoitises et attisent les jalousies, non ?

Calypso est de la partie. Elle est là pour noter ce qui pourrait paraître suspect tant dans les actes que le comportement des invités. Plusieurs petits faits l’interpellent et lorsqu’une personne est retrouvée morte, elle se glisse sur la scène du crime. Elle sait bien que ça va déplaire à Vadim mais elle y va quand même.

Elle voudrait bien rester en retrait mais vous savez ce que c’est « chassez le naturel et il revient au galop ». Elle ne peut pas s’empêcher de fourrer son (joli) nez partout. Et puis, cerise sur le gâteau, le commissaire finit par lui demander sa collaboration sans que ce soit totalement officiel. Elle a bien le sentiment qu’il se sert d’elle mais en même temps l’envie est grande d’enquêter.

Voilà notre brocanteuse et son merveilleux chat Poker qui se lancent dans des investigations de plus en plus poussées, au risque de se mettre en danger. Elle va partout, se déplace même à l’étranger et nous, lecteur, lectrice, on lui colle aux basques parce qu’on sait bien qu’elle va dénicher le petit truc qui permettra de rassembler les morceaux de puzzle !

L’écriture des deux co-autrices est toujours un régal. C’est fluide, plaisant, prenant. Pas de temps mort, pas de différence de style, on ne sait pas à qui appartiennent les phrases tant c’est bien construit, enchaîné.

Certains protagonistes ont un côté trouble qui nous questionnent, pour d’autres, on voit leur évolution au fil des histoires. Mais on peut lire même si on ne sait rien d’eux (il y a une présentation des différents individus dans les premières pages, c’est parfait (pour la version papier, ça pourrait être mis en marque-page.

Encore un tome très réussi ! Bravo mesdames !

"X" de Sébastien Teissier

 

 X
Auteur : Sébastien Teissier
Éditions‏ : ‎ Nouveau Monde Éditions (23 janvier 2014)
ISBN : 978-2365838665
223 pages

Quatrième de couverture

Banlieue parisienne, 23 h 15. Lucas Moriani, agent de la police scientifique, se rend sur une scène de crime. Arrivé sur place, il se retrouve seul et éprouve une gêne incompréhensible devant la victime égorgée. Pourquoi aucun autre policier n'est-il sur les lieux ? Qui lui a demandé de se déplacer ?

Mon avis

Manipulation…


Ou comment manipuler le lecteur et les personnages de ce roman parfois un peu confus mais percutant…
L’auteur nous entraine d’amnésie réelle ou imaginaire en hypnose au pays du mensonge, des mystifications et des esprits hors normes.

Le personnage principal se retrouve, bien malgré lui, sur le lieu d’un crime où ses collègues policiers ne sont pas présents. Cela l’interroge et comme il ne perçoit pas les tenants et les aboutissants de cette absence, il prend la décision de gérer tout cela seul et de mener sa propre enquête.
A sa suite, nous irons de surprises en découvertes, ne sachant comment démêler le vrai du faux et qui est qui.
Petit à petit les événements s’éclairciront par certains côtés tout en s’assombrissant par d’autres. L’auteur aimant à nous « promener » en soufflant le chaud et le froid….

J’ai plutôt apprécié le « synopsis » de ce roman (qui soit dit en passant, ferait un bon téléfilm). Il y a de l’action, des rebondissements, des idées originales…
En revanche le journal de bord du docteur Montéro, en fin d’opus m’a moins convaincue. Certes, il apporte des explications mais il m’a semblé redondant, surtout dans sa formulation «Je lui demandai, il me dit, etc… » Je pense qu’il y avait possibilité de donner les éléments manquants d’une autre façon.

Globalement, je dirai que l’auteur a du potentiel, qu’il a encore une grande marge de progression mais que ce n’est pas mal pour un début…


"Tribulations sur le net et autres vagabondages amoureux" de Marie-Christine Sarlat

 

Tribulations sur le net et autres vagabondages amoureux
Auteur : Marie-Christine Sarlat
Éditions : Les 2 encres (1er Juin 2015)
ISBN : 978-2-35168-708-6
90 pages

Quatrième de couverture

Quel célibataire solitaire en quête d'amour-toujours n'a pas bousculé le hasard et tenté sa chance sur un site de rencontres ? Un soir où la solitude se fait pesante, une femme se lance dans l'aventure et décide de s'inscrire. Premier pas, premières surprises devant la galerie de portraits plus ou moins sérieux ou cocasses. Dans un style limpide et efficace, elle raconte ses ratages, ses rencontres bizarres, ses histoires avortées ou heureuses… Le récit est drôle, parfois touchant, jamais désespéré.

Mon avis

Une de mes amies, en quête de l’âme sœur, avait passé une petite annonce (elle n’avait pas osé internet). Je me souviens de nos fous –rires devant les courriers entassés sur sa table de cuisine.
« Trop jeune, trop vieux, trop poilu, je n’aime pas les barbus, il a chien, berk, trop bizarre etc..)
Dans ce, trop court, roman, Marie-Christine Sarlat, qui emploie le « je » mais ne parle pas d’elle, enfin, c’est ce que je pense, raconte l’expérience, les expériences d’une femme cherchant l’amour par l’intermédiaire d’un site de rencontres.

C’est truculent, léger à souhait pour une lecture détente et pas du tout de mauvais goût. On s’y croirait et on retrouve, sans problème, quelques récits tombés dans nos oreilles compatissantes lorsque les copines (parce que, on est bien d’accord, ce sont les autres qui vivent ce genre de situations ; nous, on n’en a pas besoin….enfin, pas officiellement ;-) ont rencontré des hommes « pêchés » sur le net….

Finalement, le net, c’est comme dans la vraie vie. Il y a les menteurs, les m’as-tu vu, les timides, les volages, les romantiques…. L’auteur décrit tout cela tellement bien qu’on voit le « film » se dérouler sous nos yeux rieurs. Un très bon moment de lecture.

"L'enfant de sel" d'Estelle Tharreau

 

L’enfant de sel
Auteur : Estelle Tharreau
Éditions : Taurnada (27 Mars 2025)
ISBN : 978-2372581509
290 pages

Quatrième de couverture

Adrien Destive disparaît après avoir rencontré Apolline, une adolescente tourmentée, fille d'un restaurateur en faillite. Rapidement, le cadavre d'un autre garçon est découvert tandis que des phénomènes inexpliqués obligent la journaliste, Marion Stravi, à renouer avec des techniques d'investigation paranormales qui pourraient être la clé pour sauver Adrien.

Mon avis

Les écrivains qui se renouvellent et réussissent à captiver le lecteur ne sont pas aussi nombreux qu’on l’imagine. Estelle Tharreau a cette qualité rare de toujours trouver un sujet qui questionne. De plus, elle ne se contente pas de le survoler. Elle se documente énormément, va au fond des choses et bâtit ensuite une histoire qui tient la route tant sur le fond que la forme. C’est assez impressionnant.

Jeune adolescente, Apolline vit avec son père (il l’élève seul) à Salins, une petite ville qui porte bien son nom. Il tient un restaurant qui vivote et comme Julien Destive va réhabiliter les thermes, sa guinguette fermera. À lui d’accepter les propositions qui lui sont faites ou, à défaut, de partir. Adrien le fils unique de Destive disparaît, alors qu’il a été vu en compagnie d’Apolline. Vengeance du père de cette dernière ? Ou autre chose ?

Marion, jeune journaliste rêvant d’une affaire qui la sortira de l’ombre, est envoyée sur place pour investiguer. Il faut préciser que personne d’autre n’était disponible. N’est-ce pas l’occasion, pour elle, de voir décoller sa carrière ? D’étranges événements, à la limite du surnaturel, l’interrogent. Elle décide de creuser tout ça sans imaginer jusqu’où ça l’entraînera.

Elle rencontre Cynelle, d’origine haïtienne, tenant une boutique en ville. Elle n’est pas tout à fait dans la norme des habitants du coin. Elle a des croyances particulières qui font partie de sa vie depuis toujours, de son ADN pourrait-on écrire…

L’auteur de son écriture fluide et addictive s’intéresse, avec ce dernier titre, à de nombreux thèmes. La monoparentalité, les croyances, les pratiques occultes, les rites vaudous, les grands complexes qui « tuent » le petit commerce, le rôle des médias etc.

On pourrait supposer qu’elle va se « perdre » en voulant aborder tous ces sujets et que son récit sera brouillon. Pas du tout ! Tout s’articule parfaitement, les « ponts » établis entre tout ce qu’elle évoque sont réfléchis et bien pensés.

Certaines scènes sont difficiles parce que, comme dans la vraie vie, il ne se passe pas que des choses douces et jolies. La présence de situations paranormales met une atmosphère étrange, parfois lourde, bien retranscrite. On a le cœur serré, les yeux grand ouverts, le cerveau en ébullition… Assaillie de doutes, d’hypothèses, je ne savais plus que penser, que croire. J’ai réalisé que le vaudouisme est une « vraie » religion avec des pratiques qui peuvent surprendre mais un véritable culte organisé.

J’ai été totalement surprise par ce roman. Je me disais que le côté ésotérique n’allait pas trop me plaire (j’aime bien garder les pieds sur terre) mais j’avais envie de connaître le devenir des personnages car l’intrigue est bien menée. Je me suis attachée à Marion, pour qui cette « enquête » journalistique est également une incursion dans son passé. C’est vraiment très fort d’avoir fait ce lien !

Et puis, comme souvent avec Estelle Tharreau, j’ai appris des choses et ça c’est pour moi un élément essentiel d’une lecture réussie ! Qu’elle continue ainsi !


"Amour et Basse Normandie, Entre Angleterre et France" de Vinson Fisher

 

Amour et Basse Normandie, Entre Angleterre et France
Auteur : Vinson Fisher
Éditions : Les Sentiers du Livre (28 Avril 2016)
ISBN : 9782754305068
450 pages

Quatrième de couverture

William de Jumièges dans le septième manuscrit de la « Normannorum Gesta » écrit dans ce texte, qui couvre la période de la mort d’Edouard le Confesseur au couronnement de Guillaume dans l’Abbaye de Westminster, les détails de la flotte normande d’invasion, soit 3000 navires.
Guillaume le conquérant voit le jour en 1027 à Falaise, dans le château des Ducs de Normandie.
Dans ce volume, nous suivons cet homme extraordinaire et hors normes, de sa naissance à la préparation de l’invasion normande de l’Angleterre, en découvrant comment ce conquérant d’exception prend à chaque instant de sa vie son fabuleux destin entre ses mains.

Mon avis

Histoire d’un conquérant

Dans ce roman (qui peut également être considéré comme un essai), l’auteur retrace de façon fort habile la vie de Guillaume le Conquérant. Le livre est agrémenté de nombreuses photographies (dont certaines issues de la collection personnelle de Vinson Fisher), cartes, documents divers, plans etc ….
Il « relit » aussi pour nous les différentes tapisseries de Bayeux et cette approche est très intéressante (et donne envie de se pencher plus longuement sur ces tentures que l’on regarde souvent trop vite).

La plupart du temps, il donne la parole au personnage principal qui se présente, raconte son quotidien et les faits essentiels de sa vie, notamment sa rencontre avec sa future femme qu’il n’hésite pas à « secouer » un peu …. et elle le comprend très bien et semble l’accepter … O tempora, o more ! (autres temps autres mœurs…). Un épilogue parfaitement détaillé suivi de chapitres supplémentaires permet de compléter ce qui a été découvert dans le reste de l’ouvrage.

Dans ce recueil, on fait connaissance avec un homme attachant qui sait ce qu’il veut et qui ne lâche jamais rien.
Guillaume, Duc de Normandie et Roi d’Angleterre (son cheminement pour ses deux fonctions est expliqué dans le récit), était un homme qui ne laissait rien au hasard. Amoureux, chasseur, parfois coléreux (ses ires peu nombreuses mais spectaculaires laissaient tout le monde pantois), il menait de main de maître les hommes armés qu’il avait sous sa gouverne. Il avait une certaine forme d’intelligence du cœur, préférant pardonner ou exiler plutôt que de tuer et risquer d’augmenter les guerres. Il a souffert d’un conflit difficile avec son épouse Mathilde lorsqu’elle a soutenu, contre son gré, leur fils Robert. Cette période a été douloureuse pour lui.

L’écriture de l’auteur est agréable, fluide, les paragraphes courts donnent du rythme et le fait que Guillaume parle rend le texte plus vivant. On a l’impression d’assister à une longue conversation avec lui, comme s’il se confiait. Parfois, les romans historiques sont lourds de descriptions ce qui n’est pas le cas de celui-ci. Il est donc « lisible » par un large public et si besoin le glossaire médiéval est là pour nous aider !

Une lecture complète d’un pan d’histoire (et d’un homme) qui vaut le détour.

"Respirer à fond" de Rita Halász (Mély levegő)

 

Respirer à fond (Mély levegő)
Auteur : Rita Halász
Traduit du hongrois par Chantal Philippe
Éditions : Christian Bourgois (13 Mars 2025)
ISBN : 978-2267054095
208 pages

Quatrième de couverture

Dans un Budapest enneigé, Vera est à bout de course. Elle vient de quitter le domicile conjugal avec ses deux petites filles, après que les accès de violence de son mari Peter ont franchi une ligne rouge. Revenue habiter chez son père, Vera tente de faire le point, alors que sa meilleure amie l'épaule et qu'un ancien camarade de lycée refait surface. Car le plus difficile est encore à venir, et il n'est pas évident de quitter une dépendance sans retomber dans une autre.

Mon avis

Ce n’est pas de moi que j’avais honte mais de la situation.

Comme l’évoque la photo de couverture, Vera est à bout de souffle, elle se noie, elle se perd. Son mari ne se contient plus, il l’étouffe, lui fait peur. Violences physique ou verbale, il ne lui épargne rien. Alors, un jour, elle fuit, avec leurs deux petites filles. Elle part s’installer chez son père, dans un logement où rien ne va. Mal rangé, mal entretenu, une chambre trop petite mais pas le choix. Elle doit trouver un emploi, puis un logement, se reconstruire comme on dit.

Ses parents ont divorcé, sa mère passe de temps à autre, fait des commentaires, trop parfois. Elle l’abreuve de conseils. Le paternel, lui, est près de ses sous et aurait tendance à minimiser les faits. Elle se sent seule et s’ouvre à des rencontres, ce ne sont pas toujours de bonnes idées mais elle en ressent le besoin. Sans doute parce qu’elle se cherche.

C’est avec un long monologue, où elle partage ses pensées et son quotidien, que Vera se confie. Elle exprime ses difficultés, sa volonté d’être seule parfois. Elle parle de la culpabilité qui l’étreint lorsque son ex-mari l’appelle, faisant amende honorable. Il se dit prêt à repartir et elle s’interroge.

« Maintenant, il n’y a plus de colère en lui, il m’écouterait peut-être. »

Pourtant, lors de la thérapie de couple, elle a bien constaté que le dialogue n’était pas en phase, qu’il ne se comprenait plus. On lit les errances de cette femme, son souhait d’être « reconnue », aimée comme elle est, pour ce qu’elle est.

L’auteur a quarante-cinq ans, elle est jeune et son texte est d’une grande maturité. Elle explore le traumatisme de la violence domestique de l’intérieur. Elle montre le cheminement de cette femme pour aller mieux, accepter la situation, mettre des mots, soigner ses blessures, réparer un peu pour qu’elle puisse avancer en se faisant confiance.

Qu’il est long ce combat entre choisir de continuer la route en rompant pour toujours avec ce mari qui n’en est pas un ou en essayant de pardonner alors qu’elle sait que ce n’est pas possible, qu’il replongera dans ses travers sans tenir ses promesses. Elle est souvent « écartelée » entre deux décisions à prendre. Et puis il y a les enfants, quel est le meilleur choix pour les préserver des tourments des adultes.

L’écriture est précise (merci à la traductrice), on est au cœur de la souffrance et des questionnements de cette femme. On progresse avec elle parce que c’est plus l’après que les dommages subis qui est évoqué. Comment garder l’estime de soi ? Vera est une artiste et son métier doit être un moteur pour elle mais il lui faut trouver une nouvelle organisation, un fonctionnement différent où sa place sera définie, pour elle, pour sa famille, pour que chacun comprenne ce qu’elle veut, ce qu’elle souhaite.

J’ai trouvé ce roman poignant, réaliste. Rita Halász va au fond des ressentis, des pensées de son personnage principal. On a le sentiment de lire un journal intime ou d’écouter une longue confidence. C’est la révélation d’une femme qui devient elle-même et pas celle qu’on voudrait qu’elle soit.

Une belle découverte !


"Traboule pour l'enfer" de Patrick Mallet

 

Traboule pour l’enfer
Auteur : Patrick Mallet
Éditions : Les passionnés de bouquins (10 Mars 2025)
ISBN : 978-2363511584
260 pages

Quatrième de couverture

Les braquages violents, le commandant Jordan Blak connaît. C’est sa spécialité. Mais en ce matin brumeux du mois de mars, c’est un cercueil et son cadavre qui sont partis dans la nature… et ce n’est que le début des surprises. Des beaux quartiers lyonnais au fin fond des égouts, la vérité prend des chemins sombres. Au hasard de ceux-ci, le flic se retrouve confronté à son passé, inavouable. Vite s’engouffrer dans cette traboule avant que son mensonge ne vienne le détruire. Il ignore que cela le conduira aux portes de l’Enfer.

Mon avis

Lire un polar qui se passe à Lyon et dans sa banlieue n’est pas évident pour une stéphanoise. Mais l’auteur n’a pas parlé foot alors c’est bon ! Et il m’a complètement entraînée dans son univers et dans ses traboules ! C’est un ancien commandant de police et il sait de quoi il parle.

C’est une histoire comme je les aime, sombre, avec des personnages intéressants et une intrigue bien construite. Rien n’est lisse, ni évident, même les flics ont une part d’ombre.

Jordan Blak et ses coéquipiers sont face à une drôle d’affaire. Un cercueil a été volé ! À l’intérieur un cadavre italien. Qui et pourquoi ? Récupérer le corps d’un mort ? Dans quel but et pour en faire quoi ? À moins que la caisse ne cache autre chose ? Par quel bout prendre cette enquête ? Par quoi commencer ? Les indices sont maigres mais toute l’équipe s’y met.

C’est un récit sans temps mort, angoissant car on sent que la violence peut prendre toutes ses formes, n’importe quand. De plus Jordan est rattrapé par son passé et il ne sait pas comment agir. Sa vie peut être bouleversée par ce qu’il choisira de dire ou de faire. J’ai eu beaucoup d’empathie pour ce personnage. J’aurais voulu l’aider, l’apaiser, avoir des mots qui lui fassent du bien mais c’était impossible. Que pouvait-il faire ? David son collègue a peur pour leur amitié et pourtant, il est là pour lui. J’ai trouvé que la description de leur relation, ce que ça engendre, ce que chacun décide etc. Tout cela est parfaitement intégré au texte et nous rappelle que les policiers - ières sont comme les autres hommes et femmes, des êtres humains avec leurs forces et leurs faiblesses.

L’essentiel de l’intrigue se déroule sur quelques jours avec un rythme trépidant. Les dates, heures et lieux sont indiqués pour nous donner les repères nécessaires et chaque chapitre a un titre récapitulatif. Il n’y a aucun temps mort. Les actions et les dialogues donnent un ensemble vif, prenant, vivant. C’est également très visuel (je verrai bien ce roman adapté en téléfilm) et moi qui connais Lyon et les alentours, j’ai pu « suivre » en direct, comme si j’y étais (mais vu ce qu’il s’est passé, j’étais plutôt mieux dans mon canapé ; -) )

L’écriture est nerveuse, fluide, plaisante et accrocheuse. Je n’avais aucune envie de poser mon livre et ça c’est bon signe. J’ai aussi apprécié que la quatrième de couverture ne soit pas trop explicite (c’est vraiment un problème lorsqu’un éditeur en dit trop). Quant à la couverture, sobre, en noir et blanc, elle correspond tout à fait au contenu. Cet homme seul, de dos, m’a, bien entendu, fait penser à Jordan. Il est entouré de ceux qui l’aiment et pour qui il compte mais est-il capable d’apprivoiser le bonheur sans se laisser envahir par ce passé qui revient comme un boomerang ?

C’est tellement compliqué de soutenir quelqu’un qui perd pied et s’isole, c’est tellement douloureux, frustrant… Patrick Mallet exprime bien la détresse de ceux qui sont près de lui, quels qu’ils soient.

Je ne connaissais pas cet auteur (un de plus à suivre de près même s’il est lyonnais…) , ni cette maison d’éditions, et je suis enchantée de cette lecture.


"La fille qui murmurait à l'oreille des réseaux" de Thomas Degré

 

La fille qui murmurait à l’oreille des réseaux
Auteur : Thomas Degré
Éditions : MVO (2 Février 2025)
ISBN : 978-2494929692
160 pages

Quatrième de couverture

Serge Lemoine, un bobo parisien à la retraite, marié, écrivain vieillissant en manque d’inspiration, reçoit des poèmes d’une certaine Lara via Messenger, la messagerie privée de Facebook. Aucun échange de photos ni de vidéos entre eux, seulement des mots teintés de poésie. Mais bientôt, Serge sombrera dans le doute : Lara est-elle ce qu’elle prétend être ou bien est-ce une "brouteuse", dont le seul but est de l’arnaquer ?

Mon avis

Serge et Arielle sont mariés et aujourd’hui à la retraite. Il a écrit un roman qui a connu ce qu’on appelle un certain succès et depuis, confronté à la page blanche, il est muet et n’a aucune inspiration. Leur couple s’étiole. Que faire pour repartir ?

Madame part quelques jours en vacances dans un club dirigé par leur fils. Elle y retrouvera une amie. Lui, reste en ville avant de la rejoindre. Des peintres doivent rafraîchir leur appartement. Il n’est pas emballé par les travaux et garde son bureau, un havre de paix où il aime s’isoler.

L’éditeur de Serge lui avait conseillé de s’inscrire sur Facebook et voilà qu’une admiratrice le contacte et lui parle de son livre. Dans le désert qu’est sa vie d’écrivain, il est ravi de découvrir ce message ! Flatté il répond et un échange s’installe car elle écrit des poèmes et lui les soumet. Il réplique, peut-être pour tromper son ennui mais surtout parce qu’il est fasciné par le phrasé de cet inconnu, les belles phrases qu’elle a rédigées, tant dans le contenu, que la forme.

Jusqu’où peut l’entraîner cette relation épistolaire, totalement virtuelle d’ailleurs ? N’est-il pas en train de s’embarquer dans une aventure improbable ? Lui, il est content, il semble retrouver le goût de l’écriture, de l’énergie… Ne risque-t-il pas de mettre en danger son couple ? Comment gérer tout ça sans s’embourber dans le mensonge ou quelque chose qui ne serait pas bon pour lui et son épouse ?

Ce récit, au style fluide et de qualité, est prétexte à de belles réflexions sur la vieillesse, les réseaux sociaux, la routine qui peut gangréner une union, la poésie (les poèmes glissés dans le texte sont magnifiques de sensibilité), le numérique et ses dérives etc. L’auteur aborde ces thèmes avec intelligence sans en faire trop. Il permet au lecteur de s’approprier l’histoire et de se dire « si c’était moi, je réagirai comment ? » Il parle également de Léo Ferré et de bien d’autres personnes magnifiant la langue, les mots en les faisant vibrer et vivre.

« L’imagination, elle magnifie l’existence la plus morne et laisse supposer des temps meilleurs. Elle est le remède contre l’ennui, la dépression, le spleen, la mélancolie. »

Thomas Degré a su m’émouvoir. Les poésies sont vraiment un atout supplémentaire ! Ses protagonistes sont attachants. Serge est un peu naïf face au modernisme, sa compagne est plus posée, réfléchie, normal, c’est une femme ; -)

Une lecture très agréable !