"28 E jour avant" d'Alain Breckler

 

28e jour avant
Auteur : Alain Breckler
Éditions : MVO (6 Mai 2025)
ISBN : 978-2386950094
290 pages

Quatrième de couverture

Alors qu'une épidémie nouvelle de SARS Cov se manifeste en 2032, les porteurs-sains sont confinés dans les sous-sols de la zone 51, afin d’y rechercher les secrets de leur résistance. Après une fuite et un road-trip, du désert du Nevada à Las Vegas, Lana sera finalement capturée et subira le même sort, à moins que Jim, un jeune astrophysicien, n’imagine un plan insensé mais porteur d’espoir.

Mon avis

2032. Il est de retour ! Et tout le monde a peur.

Mais de quoi on parle ? D’un virus mortel qui menace l’humanité. Alors il faut trouver des solutions. Tester sans arrêt tout le monde, séparer, isoler. C’est comme ça que certains sont détectés « porteurs-sains ». Ils ne sont pas malades, pensent que tout va bien mais ils peuvent contaminer les autres et c’est encore pire puisque personne ne le voit venir !

Il est donc nécessaire de trouver des idées. Les personnes ainsi repérées seront regroupées et des expériences seront menées sur elles afin de comprendre leur résistance au virus. C’est comme ça que la zone 51 est créée. Les conditions de vie sont difficiles, pas de sorties, pas d’interactions avec l’extérieur ni avec les familles, une nourriture insipide, peu voire pas d’intimité… Et ça jusqu’à quand ? Peut-on traiter des hommes et des femmes ainsi, en leur enlevant leur liberté et en les utilisant comme cobayes ?

Lana n’accepte pas cette situation, elle veut décamper mais peut-elle y arriver ? Elle s’est liée avec deux autres personnes qu’elle veut entraîner dans sa fuite. Tout est terriblement sécurisé, comment espérer une « ouverture » ? Elle est volontaire, elle veut y arriver. On comprend sa révolte, ce qu’on lui impose est tout simplement invivable ! Je me suis attachée à elle. Elle est courageuse, se bat, ne renonce jamais.

On va suivre le long combat de Lana et, en parallèle, on découvre Jim, un jeune astrophysicien qui cherche ce qui peut être envisagé pour l’avenir des habitants de la zone 51. Ont-ils seulement la possibilité d’un futur ?

J’ai commencé ce roman et je ne l’ai plus lâché ! Prenant, bien rédigé, avec son lot de rebondissements, ce récit est intéressant pour son raisonnement. L’écriture est vive, les descriptions sont ciblées, c’est très visuel et ça ferait un bon téléfilm.

Au-delà de l’histoire très accrocheuse, l’auteur pousse au maximum l’idée de faire quelque chose pour éviter que les porteurs sains soient dangereux pour les autres. Ce qui est terrible, c’est qu’ils ne peuvent plus choisir, seulement subir… On a tous intérêt à être vigilant car on ne sait jamais…brrrr….

J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre. Je me suis imprégnée du contexte, j’avais des frissons, je me révoltais, les émotions se succédaient lorsque j’espérais un mieux.

Une lecture immersive très réussie !

"Je sais que tu mens" d'Erika Navilles

 

Je sais que tu mens
Auteur : Erika Navilles
Éditions : Alter Real (13 Juin 2025)
ISBN : 978-2385753900
240 pages

Quatrième de couverture

Ville de Vancouver. Deux adolescents ont disparu. Parmi eux, le fils de Claire. Détail troublant, il n’a pas emporté son téléphone. La police pense qu’il s’agit d’une fugue, mais Claire, qui l’a élevé seule, n’arrive pas à y croire. Elle le connaît par cœur, il n’aurait jamais fait ça. Pourtant, elle sait qu’on a tous des secrets. Elle la première. Et si son passé était en train de ressurgir ? Et si ses mensonges étaient à l’origine de la disparition de son fils ?

Mon avis

Claire vit seule avec son fils, Lucas, à Vancouver. Elle travaille dans un établissement scolaire comme assistante maternelle et a peu de liens avec les autres, à part avec une amie. Lucas est comme elle, assez solitaire, en retrait. La faute, sans doute, a un passé assez lourd que nous découvrons dans d’autres temporalités, alternant avec le présent.

Ce jour-là, Claire apprend que la fille d’une célébrité a disparu. Elle connaît cette adolescente, qui semble être la seule avec qui Lucas discute et échange. D’ailleurs, lorsqu’elle rentrera, elle le questionnera, il sait peut-être où et pourquoi cette jeune fille est partie. Sauf qu’une fois chez elle, elle découvre qu’il n’est pas là, qu’il a abandonné son téléphone et n’a laissé aucun mot. Cela ne lui ressemble en rien, qu’a-t-il pu se passer ?

À partir de là, Claire n’a qu’un but : retrouver son enfant, la seule personne au monde qui compte vraiment pour elle. Mais pour y arriver, il faut probablement, marcher dans ses traces pour comprendre ce qui l’a poussé à agir ainsi. Est-il seul ou accompagné ? Que cherche-t-il et pourquoi ? Comme toutes les mères, Claire est prête à tout pour que la vie reprenne son cours mais a-t-elle tout envisagé ? Pense-t-elle à ce que risque de découvrir Lucas ? Des événements qu’elle lui a volontairement tus et qui peuvent le déstabiliser profondément alors qu’il est un peu fragile ?

Avec une écriture très addictive, l’auteur nous entraîne dans son histoire. Les retours en arrière distillent des informations qui aident à cerner ce qu’a été la vie de chacun avant ce quotidien d’angoisse pour cette maman. Cette construction, où plusieurs périodes de la vie de Claire sont évoquées, est très bien pensée et parfaitement mise en place. On prend connaissance des non-dits, des mensonges, du vécu de chacun … Les éléments se mettent en place, comme un gigantesque puzzle qui fait froid dans le dos, qui questionne, qui interpelle.

Rien n’est simple, certains individus ont deux facettes et on se demande qui croire. L’atmosphère est anxiogène d’autant plus que quelques faits bizarres se produisent.

C’est le deuxième livre que je lis d’Erika Navilles et je suis conquise. Elle n’est pas restée dans le même registre, elle a su se renouveler, ce qui n’est pas forcément facile. Elle aborde de nombreuses thématiques, la manipulation, la confiance dans le couple et en amitié, la place qu’on donne à ses origines, ce qu’on croit, ce qu’on réfute…

Elle sait adapter son style à ce qu’elle présente. On vit l’anxiété de Claire, ses tourments face à son impuissance.  On fait corps avec elle tant on est pris dans le récit. J’ai eu peur que certains protagonistes soient très manichéens et bien pas du tout ! Ils sont terriblement humains, sensibles et parfois ils font des erreurs par maladresse, parce qu’ils ne savent pas aimer, exprimer ce qu’ils ressentent ou tout simplement parce qu’ils n’ont pas les bons « codes ».

Un roman très abouti et un vrai plaisir de lecture !